Pratique courante dans les grandes démocraties où le débat entre les candidats à la présidentielle constitue un tournant décisif pour convaincre l’opinion en générale et surtout les électeurs indécis sur leurs choix lors du vote, en Afrique le chemin vers cet exercice reste assez compliqué. Le cas du Sénégal reste encore illustratif avec le refus du président sortant Macky Salle de participer à ce débat aux côtés des autres candidats.
En effet, la difficulté en Afrique d’organiser ce genre de débat réside dans le fait que certains candidats généralement les candidats présidents sortants ne veulent pas se prêter à cet exercice. C’est le cas encore du Sénégal ou le président sortant, Macky Sall, refuse de prendre part au débat organisé par trois médias privés: la télévision 2sTV, la radio Imédia et le site seneweb.com entre les candidats à la présidentielle. Le rendez-vous est fixé pour le 21 février prochain qui s’annonçait comme une première dans l’histoire politique du Sénégal considéré l’une des plus grandes démocraties de l’Afrique noire, sera malheureusement d’un goût inachevé du fait que qu’un des cinq candidats brillera de son absence. Un véritable mépris à l’égard de la presse et les autres candidats en course pour magistrature suprême. Car le refus du président sortant Macky Sall de débattre en direct avec les autres candidats, est le signe que le président sortant ne se voit pas au même
L’idée qui a été lancée par des blogueurs et des militants de la société civile début janvier a été bien accueillie par l’opinion publique sénégalais mais, problème, Macky Sall ne souhaite pas participer à ce débat, contrairement à ses quatre adversaires. Sur l’affiche, on peut voir les portraits d’Ousmane Sonko, de Madicke Niang, d’Issa Sall et d’Idrissa Seck. A la place de la photo de Macky Sall, un gros point d’interrogation.
Dans l’opinion publique, les réactions sont divergentes sur le refus de Macky Salle de participer à ce débat. Pour Jean-Marie Diatta, 70 ans, retraité, qui votera Macky Sall, il encourage son président à changer d’avis : « S’il ne le fait, peut-être qu’il a ses raisons. Macky ce qu’il a fait, aucun président du Sénégal ne l’a réalisé. Faut pas avoir peur, il faut faire le débat et il passera, inch’Allah ». De son côté, Marcel Tendeng trouve que ce débat permettra de comprendre les programmes des candidats, mais surtout les éléments pour les mettre en œuvre. Il soutient donc la tenue de ce débat car pour lui, « Pour convaincre, il faut un débat d’idées. Il y a des programmes, la mise en oeuvre pose problème. Ils font de beaux discours et une fois élus, on met aux oubliettes. Je suis d’accord pour un face à face entre candidats », il encourage ainsi tous les candidats à la présidentielle à se soumettre à cet exercice.
Selon les conseillers du chef de Macky Salle, ce débat n’intéressait pas le président car l’opposition est dans la calomnie. Astou Low est du même avis. Pour cette femme de ménage, Macky Sall n’a pas de temps à perdre. « Lui, il fait son travail. Ce n’est pas la peine d’écouter les autres ou faire des débats. Il n’a pas de temps à perdre. »
Et pourtant, s’il s’agissait de donner une interview aux médias internationaux, il se prêterait à l’exercice. Ce qui prouve le mépris des chefs d’État africains en vers les médias locaux et en vers les autres candidats.