
Au Togo, le constat est évident et déplorable dans les quartiers populaires de la ville de Lomé, capitale togolaise créditée d’une forte densité humaine estimée à plus de 2 millions de personnes sur les 7 que compte le pays dont la majorité est jeune. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux, ces jeunes que l’on voit tous les jours de lundi à vendredi, se regrouper sous des arbres ou autour des jeux de Lido ou d’awalé dans les quartiers populaires de Lomé. Cette situation assez déplorable et dangereuse qui n’est pas sans conséquences fâcheuses, interpelle à bien des égards, l’honorable Innocent Kagbara, au point qu’il consacre une tribune libre à ce phénomène. Nous vous proposons l’intégralité de la tribune libre. Lisez plutôt…
Il n’est plus un secret pour personne que l’ennui et l’absence d’activités sont les principales causes de la délinquance. L’inactivité est en effet le point de départ de la délinquance. Le schéma est souvent le même : submergés par les problèmes intra-familiaux ou privés de repères dans le foyer, les jeunes quittent l’école. Ainsi la déscolarisation entraîne l’oisiveté, l’oisiveté conduit à la consommation de drogue et d’alcool, et les substances toxiques poussent à la délinquance. Alors comme solution l’on serait arrivé à les occuper afin d’éviter d’en arriver là. Inutile de les forcer à retourner sur les bancs de l’école, ils sont allergiques aux cours. Comme solution, ce serait de leur proposer des activités sportives ou culturelles.
Pratiquer un loisir n’aide pas à trouver du travail et à s’insérer dans la vie active. Non, mais la pratique d’un loisir aide à canaliser l’énergie et à ne pas commettre de bêtises ailleurs.
On serait tenté de se demander si les délinquants ont-ils envie de s’en sortir ? Bien sûr, mais il leur faut un accompagnement. On ne doit pas les juger, il y a un tribunal pour ça. D’abord, il faut bien distinguer deux types de délinquants : ceux qui le sont devenus parce qu’ils se sont laissés entraîner par l’oisiveté et les substances toxiques, et ceux qui en ont fait leur profession, comme les dealers, les revendeurs de drogue… Ceux-là vivent de la délinquance et n’ont pas envie d’en sortir. Heureusement, ils ne représentent qu’une petite minorité. Enfin, ce n’est pas parce qu’un jeune se balade dans un quartier défavorisé avec une casquette à l’envers sur la tête, qu’il s’agit d’un délinquant.
Les délinquants sortent-ils assagis de leur séjour en prison, ou au contraire, plus durs, plus méchants ? La plupart du temps, les gens commettent des crimes ou des délits sans penser aux suites judiciaires. Une fois devant le juge, ils évoquent la prise d’alcool ou de stupéfiants pour justifier leur geste, alors qu’en fait, ils ne font qu’aggraver leur situation. Mais il ne faut pas oublier les victimes et les coupables doivent payer, c’est normal. Certains profitent de la prison pour se préparer à la réinsertion dans la société. D’autres, en revanche, s’endurcissent dans le milieu carcéral, car la vie, quoi qu’on dise, y est très difficile. On va dire que sur dix personnes, une ou deux finissent par y retourner. Il y a des gens, malheureusement, qui n’ont pas le potentiel intellectuel pour comprendre qu’il ne faut plus recommencer.
Et vous que pensez-vous de l’oisiveté ?
MIK, Milioussiba Innocent KAGBARA.