Le dialogue inter-togolais qui a débuté en février 2018 pour résoudre la crise sociopolitique qui secoue le pays depuis bientôt un an, va rendre son verdict lors du sommet de la CEDEAO à Lomé le 31 juillet 2018. A défaut de trouver un consensus entre les acteurs, les médiateurs ghanéen et guinéen ont été mandatés pour proposer une solution de sortie de crise.

La crise sociopolitique togolaise va bientôt faire un an. On se souvient que la tension est brusquement montée le 19 août 2017 et depuis, elle a connu plusieurs rebondissements et d’énormes conséquences. La recherche de la solution à cette crise a conduit les acteurs sous régionaux à s’intéresser de près à cette situation difficile que traverse le Togo. Ainsi, les acteurs de la crise ont unanimement accepté la facilitation des présidents guinéen et ghanéen. Depuis, les discussions n’ont véritablement pas porté de fruit.

Les chefs d’Etat de la CEDEAO réunis en sommet extraordinaire à Lomé le 14 avril 2018 ont unanimement désigné les présidents guinéen et ghanéen pour proposer une feuille de route pour la sortie de crise. Cette feuille de route sera imposée aux acteurs de la crise. Quelles peuvent être les attentes et les contraintes des acteurs de cette crise vis-à-vis de cette feuille de route de la CEDEAO ?

Pour le parti au pouvoir, le principale challenge est de ne pas voir son champion Faure Gnassingbé se faire éliminer de la course à la présidentielle de 2020. Sur cette question, il sera difficile pour la CEDEAO de trouver une base légale pour contraindre Faure Gnassingbé à ne pas se représenter en 2020. Il revient à la Cours Constitutionnelle de déterminer les candidatures valables sur la base de la Constitution. Cette Constitution est d’ailleurs la principale revendication de l’opposition. Elle exige le retour à la Constitution de 1992, qui selon leur entendement contiendrait suffisamment de verrous pour empêcher Faure Gnassingbé de se représenter en 2020. Le seul moyen dont dispose la CEDEAO pour empêcher la candidature de FEG en 2020 est la pression diplomatique, qui d’ailleurs n’est moins efficace.

Pour l’opposition à Faure Gnassingbé, la question de sa candidature en 2020 est non négociable. C’est la clé de voute de leur lutte, voir ce pays changer de président en 2020. La constitution de 1992 avec la précieuse mention ‘’en aucun nul ne peut exercer plus de deux mandats’’ serait suffisante pour mettre un terme aux ambitions de Faure Gnassingbé de rester au pouvoir après 2020. C’est une question qui risque d’être difficile à trancher pour la CEDEAO au sommet du 31 juillet. Mais pour ce qui est de la transparence des processus électoraux, de la libération des détenus arrêtés dans le cadre des manifestations, l’institution sous régionale risque d’être intraitable avec le pouvoir en place. Les différents rounds de négociations ont toujours traité de ces questions et le pouvoir a toujours été exhorté de libérer les prisonniers politiques. Mais hélas, les libérations se sont faites à compte goûte.

A défaut d’une solution consensuelle de la CEDEAO, chaque camp risque de se retourner et faire recours à sa principale force pour atteindre son objectif : Les manifestations de rue pour l’opposition et la force armée  pour le pouvoir.

T.S

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here