A quelques mois de la prochaine élection présidentielle au Togo, la bataille et le défi  de l’implantation nationale et surtout celle rurale est encore loin d’être gagnée pour l’opposition sauf à faire d’extrêmes efforts.

Il y a douze mois nous étions dans la grand nord, à la lisière de la frontière entre le Burkina et le Togo. En personnes averties, nous n’avons pas du tout été surpris que dans plusieurs villages de cette zone, les habitants ne connaissaient pas de parti ni de figure de proue de l’opposition togolaise à part Gilchrist Olympio qui n’a malheureusement pas leur sympathie et Aimé Gogué. Par contre tout le monde connait Faure Gnassingbé, le fils d’Eyadéma Gnassingbé et président du parti UNIR.

Il y a trois semaines, c’était à Tado dans le Haho, à seulement 120 kilomètres de Lomé la capitale togolaise. Là encore, dans des villages se regroupant autour de Tado, les gens ne savent pas beaucoup ce que l’opposition togolaise veut leur apporter comme changement, et ceci, de bonne foi. Si quelques noms d’opposants ressortissants de ce milieu ont été cité, personne n’a pu me dire ce que ces personnes veulent faire pour eux. Par contre, ces ruraux connaissent bien Unir et son président Faure Gnassingbé, le Président de la République et ce qu’il fait et promet faire pour eux.

Ces ruraux connaissent bien également les cadres Unir qui ne manquent pas d’occasions pour retourner au bercail et contribuer à construire l’image de leur parti pendant que les cadres de l’opposition sont effacés. Les noms de ces cadres Unir sont sur presque toutes les lèvres, et peut-être aussi dans le cœur de ces électeurs. Les promesses faites ressortent tout le temps. Réalistes ou pas, les ruraux dont la grande masse n’est pas assez lettrée, estiment quand-même une promesse claire. Il faut bien croire que les enseignants et les personnels de santé de ces zones reculées se positionnent d’office comme les éclaireurs de l’actualité politique pour ces ruraux.

Si tout le monde dans le village ne connait que ‘’Faure Gnassingbé et son parti UNIR’’, comment pourrait-il ne pas gagner dans tous les villages où le même constat se fait ? Dans la perspective où les élections sont transparentes et équitables, sans qu’aucun parti ne fraude ou ne corrompt le vote, il est évident que le parti au pouvoir gagnerait les élections. Si on se réfère au RGPH4 la population urbaine a une proportion de 37.7% laissant au milieu rural l’absorption des 62.3% restante. La révision des listes électorales de 2019 a révélé, selon les chiffres communiqués par le CENI, un total purifié du fichier national qui s’élève à 3.423.639 inscrits à raison de 1.666.819 hommes et 1.799.705 femmes.

Les observateurs ont de tout temps reproché à l’opposition sa concentration d’activités à Lomé et uniquement dans les grandes villes, laissant les villages et autres endroits reculés. Pendant ce temps le parti au pouvoir renforce sa présence territoriale et a une quasi prépondérance dans les contrées reculées du pays. Cette position ajoutée à la part non négligeable qu’a ce parti dans le grand Lomé et ses environs, amène certains analystes politiques et autres observateurs à déjà croire que ce parti ne parle plus de 2020 mais de l’après 2020 soit 2025. Ceci s’opère bien évidemment au grand dam de l’opposition qui jusqu’ici se complait dans les dénonciation et exigences sans résultats.

La présence effective sur le terrain est capitale pour gagner toute élection. Elle permet de mieux comprendre les attentes des populations et faire des propositions concrètes, d’appréhender plus facilement les problèmes de chaque localité, d’amorcer ou pérenniser une relation politique et surtout de garder un lien privilégié avec certaines personnes importantes des milieux.

L’opposition togolaise étant dépourvue de moyens suffisants pour soutenir une campagne ardente sur le moindre recoin du pays pendant la période électorale, l’on se demande bien comment celle-ci compte se faire connaître et se faire accepter suffisamment par les populations rurales à l’intérieur du pays ?

Il convient de rappeler que ces populations rurales, selon les résultats officiels, votent parfois à presque 100 % pour le parti au pouvoir, celui qu’ils connaissent le mieux.

Dounwourgue

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