
Au Togo, depuis quelques années, l’on constate le foisonnement d’un business assez florissant et reluisant. Il s’agit des compagnies de transports interurbain faisant la liaison entre la capitale togolaise Lomé et l’intérieur du pays notamment le nord et le grand nord. Comme toute activité génératrice de revenues, il existe toujours une période dite de période de forte demande ou de » vache grasse » . Malheureusement, pour ces compagnies de transport, depuis deux ans, cette période n’est plus observée à cause des mesures restrictives prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la covid19.
En effet, au Togo, l’initiation des jeunes garçons (Evala) et des jeunes filles (Akpéma) en pays Kabyè, drainent chaque année de milliers de natifs du milieu éparpillés sur l’ensemble du territoire national et de la diaspora pour de grandes célébrations et retrouvailles sans oublier les milliers de curieux et touristes qui viennent du Togo et de l’extérieur pour assister à ces rites devenues un festival culturel international. Ainsi, pendant deux semaine entières, la ville de Kara située à environ 420km au Nord de la capitale Lomé, devient le carrefour culturel de la sous-région et la destination rêvée de milliers de personnes. Malheureusement, l’interdiction depuis deux ans de la tenue de ce rendez-vous culturel annuel dans le cadre des mesures de riposte contre la pandémie de la Covid19, n’est pas sans conséquences fâcheuses pour les sociétés exerçant dans le secteur de transport. Puisque c’est toute une chaîne constituée de sociétés de transport, d’hôtellerie, de restauration, de débits de boissons… qui concourent à la bonne réussite de ce rendez-vous culturel annuel en période des Évalaa. Car la période des Evalaa constitue la période de « vaches grasses » pour les secteurs du transport interurbain togolais.
Et pour preuve, la période de juillet à mi-août permettait aux compagnies de transports interurbain de réaliser près de 70% de leur chiffre d’affaire annuel à cause de la forte demande due à l’organisation du festival initiatique du peuple Kabyè, est devenue une période de grande perte. Un véritable manque à gagner pour les entreprises du transport. Celles-ci peinent aujourd’hui à joindre les deux bouts. Pour en savoir plus dans le cadre de la rédaction de cet article, nous avons rencontré un convoyeur de bus de l’une des plus grandes compagnies de transport interurbain du Togo qui a préféré donner son avis sous anonymat. « Depuis deux ans, avec l’interdiction de la tenue des Évala pour lutter contre la covid, nous avons d’énormes difficultés. Vous savez, ce n’est plus comme avant, aujourd’hui il y a beaucoup de compagnies de transports or avec la crise sanitaire, il n’y a plus de passagers comme avant. En plus de cela, Évala qui nous permettait de faire plus de 70% de notre chiffre d’affaire, n’a plus eu lieu depuis deux ans » nous a-t-il indiqué avant d’ajouter « la non tenue des Évala depuis deux ans, est un véritable manque à gagner pour notre compagnie de transport. ». Pour lui, il faut que l’État puisse trouver des mécanismes pour apporter un soutien au secteur de transport interurbain « Il faut que l’État apporte un soutien à notre secteur. Car rien ne marche et nous employés cela a des conséquences pour nous » a-t-il lancé à l’endroit du gouvernement.
De leur côté, certains responsables de ces sociétés de transport dont nous préférons taire les noms, tentent mal de dissimuler leur amertume et désolation face à la baisse drastique de leurs chiffres d’affaires due à la non tenue des Evala. Tout en comprenant la décision du gouvernement d’interdire la tenue de ce festival culturel annuel en pays Kabyè, ils en appellent tout de même à l’aide à l’État. « Nous comprenons bien les raisons des restrictions prises par le gouvernement. Mais pour la deuxième année de suite nos affaires ne marchent pas comme avant, or nous avons des charges et des taxes à payer. J’appelle l’Etat à nous venir en aide » nous a indiqué au téléphone, un des responsables des sociétés de transport. Il est donc une évidence que le secteur des transports interurbains, à l’instar d’autres secteurs, n’est pas épargné par les conséquences fâcheuses de la pandémie du coronavirus qui a tout paralysé depuis deux ans.
Face à cette situation, l’on ne peut que souhaiter la fin rapide de cette pandémie du coronavirus tout en appelant le gouvernement à penser à comment soutenir ce secteur qui est totalement désemparé à cause de cette crise sanitaire.