Au Togo, du Sommet de la CEDEAO ayant décidé de la feuille de route de résolution de la crise au processus électoral, tout va vite. Et diversement apprécié. Pendant que l’Opposition tente d’appeler à de nouvelles manifestations de rue, des organisations de la Société civile, notamment le Collectif des Jeunes pour le Développement (CJD) et ses associations affiliées appellent la CEDEAO et l’UA à faire la lumière sur les drames et dégâts enregistrées au cours des manifestations politiques initiées par l’Opposition depuis août 2017.

Dans un courrier adressé aux deux institutions africaines, le Collectif « s’étonne de ce que la Commission de la CEDEAO, les représentants des facilitateurs et les acteurs politiques au dialogue puissent se satisfaire d’un tel traitement des victimes et de l’indifférence à leur égard… Il recommande avec insistance à la Commission de la CEDEAO et aux facilitateurs d’inscrire la question de la compassion et de la prise en charge des victimes blessés et décédés lors des manifestations publiques passées de l’opposition togolaise sur l’agenda des prochaines rencontres du Comité de suivi». Dans un courrier de quatre pages, en date du 15 octobre 2018, dont nous avons copie, le Collectif des Jeunes pour le Développement (CJD) félicite la CEDEAO et d’autres institutions africaines pour leur accompagnement dans la recherche de solutions à la crise togolaise. En présentant le contexte de la crise et les événements qui ont contribué à l’aggraver, le Collectif a relevé que « depuis le mois d’août 2017 une vague de manifestations violentes sur fonds de revendications politiques organisées par une coalition de 14 partis politiques de l’opposition dont le Chef de file de l’opposition ».

Ces violences, précise le courrier, ont fait « des blessés et même occasionnées des pertes en vies humaines parmi lesquelles des civils et des militaires dont deux militaires sauvagement égorgés à Sokodé, ville du Centre du pays. D’importants dégâts matériels ont été enregistrés sur des biens publics et privés, ainsi qu’un ralentissement drastique des activités économiques pour des raisons évidentes de sécurité tant personnelle et que des affaires. » Cette prépondérance de la violence dans le débat politique, s’indigne le CJD a impacté très négativement ses projets contenus dans un vaste programme dénommé programme dénommé « Agir pour Bâtir la Cité » conçu en direction des jeunes et des couches défavorisées notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées. Le programme a été suspendu temporairement.

Pendant plus d’un an, le Collectif s’est engagé ardemment à sensibiliser les populations à la paix, au vivre ensemble, à la tolérance. Il rapporte avoir « multiplié les contacts et les appels aux acteurs politiques au dialogue afin de privilégier l’intérêt national sur les questions politiques qui les opposent. »  Pour le CJD, la proposition par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements le 31 juillet 2018 à Lomé, ont permis sans nul doute le retour de la paix et la reprise des activités économiques comme l’indique les récentes données de la croissance économique de notre pays. « Malheureusement, le dialogue engagé depuis le 19 février 2019 a négligé, à notre plus grand regret, les mesures d’apaisement en faveur des victimes blessés et décédés, et a privilégié la consolation des auteurs présumés qui sont en détention ou dans des procédures judiciaires,» s’indigne le CJD. Le CJD fait observer que « depuis le début du mois d’octobre, et sous prétexte de désaccords sur la mise en œuvre du consensus issu de la seconde réunion du comité de suivi du 23 septembre 2018, les leaders politiques, comme à leur habitude, renouent avec les appels insidieux à la violence sur les réseaux sociaux et les déclarations publiques incitant les populations à boycotter le processus électoral et à reprendre les manifestations de rues. »

Le Collectif dit être inquiet et voudrait attirer l’attention de la CEDEAO sur le « fait important qu’à ce jour, la question de l’apaisement des vraies victimes blessés et décédés dont le cas particulier des militaires égorgés n’a été évoquée ni par le dialogue, ni par le comité de suivi.»
« Ces cas ne semblent faire l’objet d’aucun traitement politique et les procédures judiciaires ne semblent pas être traitées avec la diligence requise par la feuille de route qui a expressément demandé « l’accélération des procédures judiciaires en cours », peut-on lire dans le courrier. « Mieux, il nous revient que les parties prenantes au dialogue ont refusé de compatir aux douleurs des familles de ces victimes»

Et d’après les analyses du CJD, si rien n’est fait à l’endroit de ces victimes, « la fragilité de la situation actuelle dans laquelle, il est fait appel pour de nouvelles manifestations publiques, les échos qui nous parviennent des frustrations des familles des victimes et les colères latentes que nous percevons, laissent à craindre le pire entre les futurs manifestants et les familles des victimes des manifestations politiques passées. » Le Collectif prévient que les « rapports publics et conférences de presses récents de certaines organisations des droits de l’homme tendant à nier la réalité de leur statut de victimes ou à remettre en cause les conditions dramatiques de l’assassinat des militaires » ne viennent « aggraver la situation et la rancœur de ces victimes et de leurs proches. »

Le Collectif des Jeunes pour le Développement recommande avec insistance à la Commission de la CEDEAO et aux facilitateurs d’inscrire la question des victimes aux prochaines rencontres du Comité de suivi, de référer expressément dans son communiqué final à cette question et d’œuvrer à :
– Exprimer la compassion, la solidarité et le soutien du Dialogue aux victimes, ainsi que l’annonce de mesures concrètes d’appui à la solution de leur détresse matérielle, financière et morale,
– Faire diligemment la lumière sur les agressions et les assassinats des forces de l’ordre et de sécurité,
– Faire la lumière et faire évaluer les dégâts causés aux opérateurs économiques et envisager leur dédommagement,
– Appeler les acteurs politiques à se conformer à la feuille de route dans le respect des lois de la République en privilégiant des solutions inclusives,
– Proscrire tous propos appelant à la violence et qui incitent ou galvanisent les jeunes à commettre des exactions de toute sorte.

Créé depuis 12 ans, le Collectif des Jeunes pour le Développement, (CJD) est une organisation de plusieurs associations engagées pour le Développement socio-économique du Togo et l’épanouissement de ses populations. Elle travaille également dans le domaine de l’éducation à la citoyenneté.

La Rédaction

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here