
La position officielle de la France après chaque élection en Afrique notamment francophone, a de tout temps été très déterminante au point que même après la proclamation des résultats définitives par l’organe national compétent en la matière, les chefs d’Etats de l’espace francophone font feu de tout bois pour se faire recevoir à Elysées par le président français ou recevoir une lettre officielle de félicitation signée par ce dernier afin d’asseoir leur légitimité. La dernière présidentielle au Sénégal, n’a pas dérogé à la règle.
Ainsi, une reconnaissance de la victoire d’un candidat par le président Français même avant la proclamation des résultats, est un signe de prise de position de la France en faveur de ce candidat. Et ceci généralement en complicité avec les médias français qui ont en réalité pour mission, de manipuler et faire endormir les consciences des populations africaines à travers les informations orientées qu’ils diffusent. Le cas de la présidentielle du 24 février dernier au Sénégal reste un exemple parmi tant d’autres. En effet, au cours de cette élection, notamment après la fermeture des bureaux de vote, nous avons assisté à un fait inédit mais très vite passé inaperçu, car avant même la proclamation ne serait ce que provisoires des résultats de la présidentielle, tous les médias français ou presque, ont vite fait de proclamer le président sortant, candidat à sa propre succession, Macky Sall, vainqueur dès le premier tour bien qu’aucun résultat, pas même provisoire, n’avait été donné par les organes compétentes en charge de l’organisation de l’élection. Chose assez rare pour ne pas dire jamais vue puisque généralement, seules les tendances sont données par les médias durant la nuit électorale ainsi les résultats provisoires donnés par l’organe en charge de l’organisation du scrutin.
Même si l’on peut trouver une situation atténuante aux médias, en estimant qu’ils s’appuyaient sur les résultats des bureaux de vote pour donner ce résultat, ce qui semble confirmer la thèse d’une volonté manifeste de la France d’influencer le résultat de cette présidentielle, c’est le fait que même le président Emmanuel Macron, chef de l’Etat français, a félicité le Président Macky Sall pour sa victoire au premier tour sans attendre les résultats officiels et que les adversaires du président sortants n’ont pas eux-même reconnu leur défaite dès le premier tour. Ce tweet de félicitations du président français qui intervenait alors que les résultats officiels du scrutin présidentiel n’avaient pas encore été proclamés par les institutions habilitées, n’est pas fortuit. Il n’avait en réalité qu’un seul rôle mettre la pression sur les institutions en charge du processus, influencer les résultats et conditionner les populations à l’évidence d’une victoire du président sortant dès le premier tour.
Comment peut-on comprendre qu’un président se permette de féliciter un candidat alors que les autres candidats parlaient de la possibilité d’un second tour mais surtout que les résultats ne soient pas encore donnés par les instances compétentes en charge de l’organisation de l’élection? En posant cet acte, certes on peut tenter de soutenir que le chef de l’Etat français a été induit en erreur par les médias. Cependant, pour un président d’un pays comme la France, cette thèse parait assez moins fiable même si la colère et la furie des internautes ont obligé le président français à retirer son message sur la toile. Il s’agit donc d’une forme de pression et de conditionnement des populations et des autres candidats à accepter la victoire dès le premier tour du président sortant Macky Sall.
Malheureusement le constat triste, c’est que quand le Premier ministre du Sénégal et Directeur de campagne de Macky Sall a lui aussi annoncé la victoire de son candidat, Macky Sall dès le premier tour de la Présidentielle a subi la furie de toutes les composantes de la société sénégalaise. D’abord l’opposition, ensuite l’Union des magistrats du Sénégal, par la voix de son président Souleymane Teliko, qui a recadré le chef du gouvernement, puis le Président de la Commission de recensement des votes, Demba Kandji, qui a insisté que nul, à part sa structure, n’a le droit de donner des résultats provisoires. Mais personne n’a osé condamner avec la même rigueur la sortie du président Français.