De passage dans la capitale française Paris où il a échangé avec son homologue français Jean-Yves LE DRIAN sur plusieurs questions dont les prochains accords de partenariat ACP-UE, le chef de la diplomatie togolaise et président du Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine (UA), négociateur en chef pour ces prochains accords de Cotonou, Robert Dussey a sans langue de bois évoqué plusieurs sujet et dénoncé l’ingérence extérieur dans en Afrique notamment en Libye et surtout les sanctions contre les pays ACP pour des raisons de déficit démocratique.
En effet, invité du journal Afrique de nos confrères de la radio France internationale ce jeudi 25 juillet, le ministre togolais des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur Robert Dussey, comme de son habitude et dans son franc parlé habituel, est en sa qualité de négociateur en chef des pays ACP pour les nouveaux accords de Cotonou, longuement revenu sur les négociations en cours avec l’UE et les reformes que les pays ACP souhaitent apporter à ces accords de Cotonou. Ainsi, il estime tout comme les pays ACP, qu’il faut privilégier la négociation et le dialogue dans la résolution des problèmes des pays africains notamment les pays ACP. « Il n’est plus question de continuer par sanctionner les pays pour déficit démocratique, mais plutôt prôner le dialogue » a-t-il martelé chez nos confrères de la rfi car selon lui, l’on a l’impression qu’il ne s’agit d’un partenariat mais de « la volonté d’un partenaire qui décide par sa force et sa puissance de l’avenir des autres » précise-t-il. Il s’agira donc lors des négociations de la suppression de l’article 96 des accords de partenariats ACP-UE car c’est cet article qui permet les sanctions politiques à l’endroit des pays ACP pour des raisons de déficit démocratique.
Les questions des conflits en Libye et au Soudan, deux foyers de tension qui cristallisent les esprits en Afrique, le chef de la diplomatie togolaise et président du Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine, s’est longuement exprimé à ce sujet en clarifiant la position de l’UA. Ainsi, ce fut l’occasion pour Robert Dussey, président du Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine, de rappeler que pour l’UA, le dialogue doit primer sur toute autre considération dans la résolution de ces conflits et surtout de dénoncer les ingérences extérieures dans les conflits en Afrique. « Pour qu’il ait la paix en Libye, ce n’est pas uniquement par la force, il faut aller par des négociations politiques et l’Union africaine est ferme sur cette question. Nous disons que la paix en Libye ne peut se faire sans les libyens et sans une négociation politique. Nous profitons pour exhorter toutes les parties libyennes à aller à la table des négociations. » a-t-il déclarer avant de dénoncer le fait qu’il y a trop d’ingérence extérieur dans les conflits en Afrique en générale et en Libye en particulier « le conflit en Libye prend cette dimension parce qu’il y a beaucoup d’ingérence extérieurs et tant qu’il y a des ingérences extérieurs dans nos conflits, on aura jamais de paix » a-t-il prévenu.
Robert Dussey dénonce d’ailleurs le fait que dans la recherche de solutions à la crise en Libye, l’on semble exclure l’UA des négociations « L’Union Africaine semble être exclue des négociations en Libye alors que la Libye est un pays africain. Je crois que le fait qu’il ait plusieurs négociateurs, plusieurs personnalités qui s’occupent de la question libyenne complique le message politique. L’UA préconise un négociateur conjoint ». Sur la question soudanaise, Robert Dussey, reste dans la même lignée que la solution proposée pour la sortie de crise en Libye, c’est-à-dire le dialogue et la négociation. « Je crois que la solution au Soudan doit se faire par le dialogue. Il faudra pousser les parties à la tempérance pour que mêmes les militaires au pouvoir aujourd’hui comprennent qu’il faut aller à un gouvernement civile au sein duquel ils peuvent être membre »
Dans cet entretien, le chef de la diplomatie togolaise n’est pas allé du dos de la main dans ses réponses et analyses. Comme de son habitude, il a encore fait preuve de courage et de franc parlé mais surtout de son sens de grand panafricain, en disant haut ce que beaucoup de dirigeants mêmes des chefs d’État n’ont pas le courage de dire ou de dénoncer. L’Afrique et le Togo doivent en être fière de cet homme.