
Au Mali, l’affirmation selon laquelle, « La France n’a pas d’amis, mais des intérêts », a encore une fois trouvé droit de cité avec le coup d’État du 18 Août dernier et la position prise par la France. Alors que les pays membres de la CEDEAO continuaient de mettre la pression sur la junte militaire pour un retour à l’ordre constitutionnel, la France et son président Emmanuel Macron, ont très vite opté pour la solution qui va le mieux arranger les affaires françaises dans un Mali où le front anti-français est monté d’un cran.
En effet, conformément à la charte sur la démocratie et les droits de l’homme de la CEDEAO qui condamne toute prise de pouvoir par coup d’État, la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a continué malgré le fait que le président IBK ait lui-même annoncé sa démission sous contrainte de la junte, par exiger le retour d’Ibrahim Boubacar Keïta à la tête du Mali. Ceci jusqu’à jeudi dernier, date à partir de laquelle cette condition n’est plus d’actualité. Et pendant ce temps, la France, partenaire privilégié du Mali notamment sur le plan militaire, avait déjà décidé de lâcher IBK, son allié d’infortune depuis son arrivée au pouvoir il y a sept ans.
Nous citerons pour preuve, ces déclarations du chef de la diplomatie française, Jean Yves le Drian chez nos confrères de la RTL reprises par nos confrères de la rfi et celles de l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand toujours citées par la rfi. Même si elles semblent passer inaperçues, elles sont pourtant révélatrices de ce que la France ait décidé de lâcher très vite IBK pour sauver sa face et ses intérêts dans un pays où le front anti-français ne cesse de se développer. Ainsi, Jean Yves le Drian affirme « Il y a eu un coup d’État que nous condamnons, mais il y a aussi eu la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta. » En faisant la distinction entre le coup d’État et la démission de IBK, or tout le monde sait que la démission n’a été que la conséquence directe du coup d’État, et IBK a été contraint de démissionner, Jean Yves Le Drian montrait clairement la position de France, d’acter la fin du régime IBK alors que la CEDEAO voulait rétablir IBK dans ses fonctions. Et pour cause, Jean Yves le Drian estime que IBK a été plusieurs fois alerté sur la situation par Macron notamment lors la réunion [du G5] de Nouakchott fin juin, ainsi que de ses homologues ouest africains. D’ailleurs, selon les révélations, dès le lendemain du putsch, une note diplomatique a été envoyée aux ambassades françaises de la région pour signifier que le retour d’IBK était « irréaliste ». La France a donc pris acte du coup d’État.
Enfin, de son côté, l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand en analysant la situation, chez nos confrères de la rfi estime que « la junte qui a pris le pouvoir est apparue assez modérée et assez structurée » aux yeux de la France en annonçant vouloir transmettre le pouvoir aux civils avec l’organisation de nouvelles élections. Pour lui, ces propos ont vite fait de rassurer les autorités françaises « Des déclarations rassurantes pour Paris » qui, a vite conclu que ce coup d’Etat « était un moindre mal » précise le diplomate français. Nicolas Normand conclu en disant que de manière informelle, puis officiellement, un rapprochement s’est opéré avec les putschistes pour « accompagner la junte vers un retour à l’ordre démocratique ». Ce qui veut dire que France a profité de la crise pour vite s’écarter d’IBK et passer rapidement à autre chose, privilégiant comme d’habitude, la stabilité de la zone. Or, nous savons tous que malgré la présence française depuis 2013, le Mali n’a jamais connu de stabilité. De quelle stabilité parle-t-elle (La France) alors, si ce n’est que les français veulent juste assurer leurs intérêts dans un Mali où le front anti-français ne cesse de s’amplifier à cause de la gestion catastrophique d’IBK?
Il est donc tout à fait clair, que le pays qui n’a pas d’amis mais des intérêts, la France, a profité de cette situation pour se débarrasser d’un allier qui ne protégeait plus véritablement ses intérêts, en refusant de soutenir l’initiative de la CEDEAO d’un retour à l’ordre constitutionnel et le retour des militaires dans les casernes.