Lors de leur réunion de haut niveau de 2016, les Chefs d’Etats se sont engagés à accélérer et intensifier la lutte contre le VIH pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030. Pour tenir un tel engagement, il est nécessaire que des actions vigoureuses soient menées sur le terrain pour éviter que demain cet engagement ne soit pris pour un vœu pieux.
En tout cas pour sa part le Togo, comme à son habitude, a fait le choix de l’action, poussant depuis plusieurs années le taux de prévalence du VIH à un fort déclin. Alors qu’en 2000, cette prévalence tournait autour de 3,6 % et de 2,9 % en 2010. Selon les estimations Spectrum 2018, la prévalence serait de 2,27% (REDES, 2018, p12), un taux qui confirme sa tendance baissière même s’il reste élevé en comparaison avec d’autres pays de la sous-région. Dans l’ensemble de l’UEMOA 1.011.000 personnes vivent avec le VIH avec le plus grand nombre en Côte d’Ivoire (460.000). On estime à 110.000 le nombre des PVVIH au Togo.
Réduire les nouvelles infections et les décès liés au VIH
Les actions du Togo avaient aussi pour objectif de réduire les nouvelles infections. Sur ce tableau, les progrès sont significatifs (-31 %) même si, comme dans la plupart des pays dans l’UEMOA et en Afrique de l’Ouest et du Centre, ils restent en deçà du taux de réduction fixé par la communauté internationale d’ici 2020. Rappelons que d’ici 2020, la communauté internationale avait fixé comme cible de réduire de 75 % le nombre des nouvelles infections par rapport au niveau de 2010.
Pour ce qui concerne la réduction des décès liés au VIH, le Togo sur ce plan, a obtenu l’un des meilleurs résultats de la sous-région (-34 %) même si, comme dans la plupart des pays en Afrique de l’Ouest et du Centre, ce résultat reste en deçà du taux de réduction de 75 % d’ici 2020 fixé par la communauté internationale depuis 2010.
S’agissant du volet relatif à la couverture, le Togo se signale également par des progrès remarquables par rapport aux deux importants objectifs fixés par la communauté internationale.
Atteindre les objectifs de couverture
Premier objectif : les trois 90, c’est-à-dire que 90% des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) connaissent leur statut, que 90 % parmi ces personnes séropositives reçoivent des antirétroviraux et 90 % parmi ces dernières ont une charge virale non détectable. Efforts du Togo par rapport à ce premier objectif : 73 % des PVVIH connaissent leur statut et 81 % parmi elles reçoivent les antirétroviraux nécessaires à leur prise en charge. Cela veut dire que fin 2018 environ 64.OOO PVVIH parmi les 110.000 dans le pays recevaient ces médicaments. En 2019, ils sont 70.000 PVVIH à recevoir ces médicaments . Il est à noter cependant que seuls 34 % des 12.000 enfants de 0 – 14 ans vivant avec le VIH dans le pays reçoivent un traitement antirétroviral en raison du faible taux de dépistage du VIH chez ces enfants. Depuis 2010, la couverture connaît une tendance à la hausse même si la progression reste lente.
Deuxième objectif fixé par la communauté internationale : l’élimination de la transmission du virus VIH de la mère à l’enfant. Au Togo, le taux de couverture des femmes enceintes est passé de 16 % en 2010 à 80 % en 2018. Avec un tel progrès, l’on peut espérer que d’ici peu de temps le taux de couverture souhaité de 95 % pourrait être atteint. Ainsi la chaîne de transmission du virus de la mère à l’enfant sera totalement coupée.
Les accouchements des femmes enceintes séropositives ont permis d’enregistrer 3725 enfants vivant nés de mères séropositives. Parmi eux 96,99% (3613/3725) ont reçu la prophylaxie antirétrovirale. Cette performance est due à la disponibilité des ARV et à l’initiation de la prophylaxie qui se fait en salle d’accouchement. Depuis 2016, le Togo offre chaque année le conseil et dépistage à plus de 400.000 personnes. La mise en œuvre du plan d’élimination du VIH de la mère à l’enfant a permis d’avoir une couverture géographique des services PTME dans plus de 72% des structures SMNI à la fin de l’année 2018 (Rapport annuel de performance du MSHP, 2019, p44).
Progrès en termes de financement par l’État
Les bons résultats engrangés par le Togo dans la lutte contre la maladie engloutissent des fonds importants dont 80 % proviennent de l’extérieur comme c’est le cas dans les autres pays de l’UEMOA. Le Togo affiche l’un des meilleurs taux de financement domestique (19,30 %) après le Mali (29.00 %) et le Sénégal (26 %) dans l’espace UEMOA.
Dans le courant de l’année 2020 il est prévu d’élaborer un nouveau cadre stratégique national 2021-2025 qui gardera le cap des efforts avec pour priorités la réduction des nouvelles infections, des décès liés au VIH, l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant. Cela dit, les efforts doivent être maintenus et accentués en particulier pour des populations avec une plus grande vulnérabilité : enfants, adolescents, filles et jeunes femmes, certaines catégories d’hommes et populations clefs.