Par JC

Les choses semblent aller vite et très vite en Angola. Un mois seulement après le changement en douce à la tête du pays, les premiers pas du nouvel homme fort se font sentir déjà avec beaucoup de fracas et du courage. Le limogeage ou le remplacement de la toute puissante fille de l’ex président angolais Eduardo Dos Santos femme la plus riche d’Afrique,  de la tête de la Sonangol, suscite beaucoup de commentaires et d’analyse aussi bien au plan national qu’international.  Comment comprendre cet acte posé par le duo Joao Lourenço et Eduardo Dos Santos?

L’une des toutes premières décisions qu’on pourrait à tort ou à raison qualifier de courageuse ou risquée reste le limogeage de Isabelle Dos Santos de la présidence du conseil d’administration de la Sonangol, le 15 Novembre dernier.  Cette décision est surabondamment commentée à travers le monde dans la mesure où cette dame était considérée comme intouchable voire même annoncée entre temps comme la potentielle remplaçante de son père à la tête de l’Angola avant qu’à la surprise générale, Eduardo Dos Santos ne désigne Joao Laurenço comme son remplaçant.

Pour mieux comprendre ce qui se passe en Angola, il est important de planter le décor de la situation afin de permettre aux gens de bien comprendre le jeu que l’ancien président est entrain de jouer pour endormir aussi bien les angolais que la communauté internationale sur la prise prochaine du pouvoir par sa fille Isabelle Dos Santos. En effet, il n’est pas un secret pour personne que malgré le départ de Eduardo Dos Santos de la présidence de l’Angola, il reste le président national du parti au pouvoir, le MPLA. Cette posture lui permet de garder un œil dans le fonctionnement de l’Etat et même d’y jouer un rôle important avec la désignation des chefs militaires et surtout d’intervenir dans le choix des candidats du parti aux différentes élections aussi bien législatives que présidentielle. Ce qui suppose que même la nomination des personnalités à des postes d’importance comme la Sonangol, est soumis à son appréciation et à sa validation. Croire donc à la thèse de l’limogeage de Isabelle Dos Sandos sans l’avis de son père serait d’une hypothèse très peu plausible. D’ailleurs le spécialiste des questions internationales, Palé Dimaté le confirme à demi mot qui il analyse le décision. « C’est une décision courageuse, il faut le reconnaître. Mais, c’est surement avec le soutien de la famille de l’ancien président dont il a eu la caution pour que lui, Joao Lourenço soit aujourd’hui président de la République. Certainement en prenant cette décision, son prédécesseur est d’accord sur les principes, parce qu’il faut bien qu’il y ait un changement. Il faut qu’il montre qu’il est venu pour mettre de l’ordre. Il doit rassembler tout le peuple angolais. Nous savons tous qu’avec Jonas Savimbi, il y a eu des problèmes de cohésion. Les gens se sont mis d’accord pour qu’il y ait la démocratie. Mais je crois que c’est un acte important que vient de poser le président Joao Lourenço. Il veut faire preuve de bonne gouvernance en commençant par la fille de celui-là même qui l’a aidé à être président. Il faut comprendre qu’à partir de là, s’il pose d’autres actes qu’on pourra qualifier d’actes draconiens, envers certains potentats de l’ancien régime, personne ne le condamnera puisqu’il a commencé par la fille de l’ancien président. C’est une stratégie politique de haut niveau », a-t-il indiqué.

Quelle est la stratégie en jeu?

D’abord, il faut comprendre et savoir que Isabelle est l’une des personnes les plus riches d’Afrique dont les entreprises prospère même au-delà des frontières africaines notamment au Portugal. Ce qui lui permet de pouvoir s’investir en politique dans son pays. Seulement voilà, son statut de fils de Eduardo Dos Santos, chef de l’Etat Angolais, constitue un obstacle majeur pour elle. Surtout dans le contexte actuel où la jeunesse africaine n’est plus prête à admettre une succession patrimoniale à la tête des Etats. Raison pour laquelle, l’idée de se faire remplacer par sa fille a été vite proscrite et remplacée par celle d’une succession en douce avec un des ses hommes de mains avec qui, il peut tout négocier facilement. Pour y parvenir, il faut non seulement donner de la popularité au nouveau dirigeant tout en redorant le blason de Isabelle Dos Santos en la mettant dans une posture de victime du nouveau régime. Ceci, a pour avantage d’attirer le sentiment et la compassion de la population à son égard. La solution pour réussir cette manœuvre, c’est de la débarrasser ou mieux la délester de ses fonctions de Présidente de la CA de la Sonangol. Poste qui était d’ailleurs mal vue par la population qui trouvait en sa nomination il y a un an, une manière pour l’ex président de faire une gestion opaque et familiale des sociétés d’Etat en Angola.

Désormais débarrassée de ce poste et du regard de la population, elle, Isabelle Dos Santos a le temps de pouvoir se préparer en silence pour son entrée fracassante en politique mais surtout dans la discrétion.  Jusqu’à la fin du mandat de Joao Laurenço, elle aura conquis suffisamment la sympathie des angolais à travers des actes qu’elle aura à poser sur le terrain et effacer l’image de son père qui, lui-même aura été oublié un temps soit peu du fait qu’il n’est plus officiellement au devant des affaires. Une prochaine candidature de Isabelle Dos Santos ne sera plus vue comme une succession dynastique de père en fils, mais d’une personne voulant diriger son pays comme le cas aux Etats-Unis avec les Bush père et Bush fils.

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