Au cours du sommet des chefs d’État de l’Union l’Africaine tenu à Kigali le 14 mai 2019, il a été décidé de confier à la Tunisie la mise en œuvre d’un événement, “Afric’Up”.  L’édition 2019 de cet événement aura lieu les 24 et 25 septembre prochain dans la capitale Tunisienne, Tunis. Pour mieux comprendre le processus d’organisation de l’événement, le site panafricain www Afrique-News.info (AFN) s’est entretenu avec Haddar Skender, PDG du groupe TPM, président du comité d’organisation de cet événement dédié aux start-up. Lisez l’intégrité de nos échanges.

AFN: En votre qualité de président du comité d’organisation de cet événement, parlez-nous de ce concept Afric’Up ?

Haddar Skender: Afric’Up est placé sous l’égide de l’Alliance Smart Africa qui a décidé de confier à la Tunisie la mise en œuvre d’un événement, dédié à l’innovation, à l’entrepreneuriat et à la valorisation des talents de la jeunesse africaine aux yeux du monde. Il faut savoir qu’au sein de l’Alliance chaque État membre est porteur d’un projet, d’une initiative qui sera dupliquée par les autres pays, et la Tunisie s’inscrit dans le développement de l’écosystème startup et l’innovation.

La Tunisie a été le premier pays africain en mettre en place un cadre pour faciliter le lancement et le développement de startups, le « Startup Act » qui sert de référence aujourd’hui. Le pays est impliqué également dans la création d’un fond d’investissement Bloc Smart Africa de 500 millions USD géré par Bamboo Capital Partner pour les startups de l’Alliance. Et afin de mettre en valeur ces startups, il manquait une vitrine, et c’est Afric’Up.

Mais cet événement ne pouvait avoir lieu sans des sponsors qui nous ont fait confiance  comme de bien entendu le Gouvernement Tunisien, la GIZ, Make IT Africa, QFF (Fondation Qatarie) et bien d’autres

AFN: Quel est l’objectif poursuivi par Afric’Up, considéré comme la plus grande rencontre dédiée aux startups en Afrique ?

Haddar Skender : Afric’Up vise à valoriser et développer la Tech, la créativité et l’innovation africaine à l’échelle mondiale, démontrer qu’il est possible de développer le contenu africain exportables dans le monde et que nos jeunes répondent aux problèmes, et aux besoins du continent.

Au travers de la thématique de Smart City, être un tremplin pour les startups innovantes, qui ont misé sur les possibilités offertes par les nouvelles technologies (NFC, blockchain, Big Data, intelligence artificielle…) pour développer de nouveaux services et répondre aux défis de la ville durable et intelligente africaine de demain ? A partir d’Afric’Up, nous allons essayer de déterminer s’il existe « un modèle africain pour la Smart City » explorer les initiatives déjà déployées sur le continent et identifier les startups qui portent cette disruption, innovation africaine.

Nous souhaitons également au travers d’un programme très riche en conférence, workshop, meetup, deal room, stimuler les vocations technologiques et scientifiques et l’entrepreneuriat, faciliter les partenariats et les rencontres d’affaires et booster les investissements dans les startups.

AFN: Cet événement est prévu pour les 24 et 25 septembre prochain à Tunis. Dites-nous à moins d’un mois de l’événement où en êtes-vous avec l’organisation ? 

Haddar Skender: Les choses vont bon train, avec son lot de surprises, bonnes et mauvaises nouvelles c’est comme dans toute organisation d’événement à dimension continentale. La majorité de nos speakers et mentors ont confirmé leur présence, de même pour les entreprises et les startups. Après, il y a des détails inhérents à l’événement s’assurer que tout le monde tire dans le même sens, et avec la motivation de participer à un événement majeur, ce qui est le cas jusqu’à présent. Notre surprise, c’est d’avoir reçu plus 1500 projets de startups pour participer à l’Afric’Up Pitch, alors que nous ne pouvons en prendre en charge qu’une vingtaine. C’est ce côté qui est frustrant et que nous reverrons certainement car il y aura beaucoup de déception chez les jeunes et Afric’Up doit être une fête, une vitrine pour nos jeunes.

Cela prouve le dynamisme des jeunes entrepreneurs africains et du positionnement que nous souhaitions pour Afric’Up, un espace de découverte et de partage, et en peu de temps cet espace est devenu, ce lieu ou « on doit être »

Cette année notre souhait est de marquer les esprits, de réussir un grand Sommet afin d’être encore plus visible et attractif aux yeux des sponsors et bailleurs de fonds. Et toute l’équipe d’Afric’Up n’a aujourd’hui que ce challenge en tête.

Haddar Skender: Le thème retenu pour cette édition est « Smart Cities & Open Innovation en Afrique, quelles opportunités pour les startups ? ». Pourquoi avez-vous choisi une telle thématique et quel message voulez-vous passer ?

Nous sommes en train de vivre un basculement vers une Afrique majoritairement urbaine. Il y a cinquante ans, 20 % de la population du continent vivait en ville, aujourd’hui c’est près de 50 % et les 60 % seront atteints avant 2050.
Pour supporter cet essor démographique, les villes du continent sont contraintes de repenser leur modèle afin d’offrir aux citoyens des infrastructures et des services publics plus adaptés, stables et respectueux de l’environnement.

Est-ce que la Smart city africaine pourra apporter des solutions pour faciliter la mobilité, réduire la consommation d’énergie, proposer des solutions optimales et innovantes pour la gestion des déchets et l’assainissement.

Pour accompagner cette ambition, Afric’Up mettra en valeur les startups africaines prometteuses, les solutions les plus innovantes répondant aux enjeux de développement urbain durable, les nouvelles technologies et les meilleures pratiques collaboratives principalement dans les domaines de l’énergie, du transport, de l’environnement, de l’agriculture, de la santé…pour les futures Smart Cities du continent.

AFN: Pendant les deux jours que va durer l’événement, quelles activités vont meubler les travaux ?

Haddar Skender: Outre un grand espace d’exposition et de nombreuses conférences, nous avons prévue plusieurs activités en marge d’Afric’Up qui animeront le Sommet, le premier Makeathon africain réalisé avec les allemands d’ITQ, l’Africa TechUp Tour co-organisé par l’association Hackafrica et la société Rintio, est une série de hackathons dont les vainqueurs se retrouveront à Tunis, le concours « Best African Legal Tech Startup », « l’Afro Creative Challenge » ou il s’agit d’imaginer, de penser, dessiner l’Afrique de 2063, le « E-commerce Mobile Application Africa AWARD », mais aussi l’Afric’Up Pitch un concours qui permettra d’accueillir 15 jeunes startups africaines tous frais payés à Tunis pour rencontrer des investisseurs (aujourd’hui nous avons reçus plus 1400 réponses provenant de plus de 38 pays ce qui exceptionnel). Les trois premiers seront incubés au Canada au Digihub de Schwanigan tous frais payés pendant plusieurs mois.

L’Afric’Up Stage, prendra en charge 35 startups représentatives de l’écosystème Smart City africain tous frais payés, afin de rencontrer investisseurs, experts, et la presse internationale. Ce sera la vitrine du savoir-faire, de l’innovation, et la créativité et nous prenons en charge la venue de 50 startups africaines.

AFN: Vous prévoyez une trentaine d’ateliers animés par de grands mentors. Peut-on avoir une idée de ces mentors ?

Haddar Skender: Nous savons que l’entrepreneuriat numérique est l’un des moteurs du changement en Afrique. Les jeunes startuppers ont le potentiel de moderniser les économies et les sociétés de leurs pays, de trouver des solutions innovantes aux problèmes de développement et de créer de nouvelles perspectives et possibilités d’emploi.

Cependant, tout le monde ne part pas sur même pied d’égalité, les écosystèmes sont fragmentés, disparates entre les villes et les campagnes, entre régions africaines, tout le monde n’a pas accès aux financements, aux même infrastructures numériques, aux informations, à la formation, à l’accompagnement…

Les startups ont besoins de contacts, de s’ouvrir à d’autres marchés, tendances, d’avoir accès aux nouveaux process, technologies (IA, blockchain, IoT..) d’aller chercher de nouveaux clients, notamment les grandes entreprises africaines et internationales.

C’est pour cela que nous allons mettre en avant lors des conférences quelques success stories africaines, nous avons invité pour des Keynote des startups, Gebaya, BBOX… qui ont levé plusieurs millions afin de démontrer qu’il est possible de réussir en Afrique.
Nos speakers et mentors viennent pour l’essentiel d’Afrique, mais il y aura des personnalités, des institutions, des financiers venant d’Europe, des Etats-Unis, d’Asie.

Ils ont tous plusieurs années d’expériences dans leur secteur d’activité et souhaitent partager leur savoir, leur connaissance avec les jeunes entrepreneurs africains.
Seront présent pour la première fois l’Association Nordic IT, qui regroupe investisseurs, chefs d’entreprises, formateurs de Scandinavie, de nombreux investisseurs Bamboo Capital, VC4Africa, ABAN, GSMA, Greentec Capital et bien d’autres…

Il m’est difficile de citer tout le monde sans en oublier mais je peux vous assurer que le cette édition le panel des invités est de très haut niveau, il qu’il fera date… Nous prévoyons de filmer l’ensemble des conférences, ateliers afin de pourvoir en diffuser auprès d’incubateurs africains qui le souhaitent, permettant ainsi au plus grand nombre de jeunes de participer de manière virtuelle.

AFN: Il est prévu dans le cadre de cette édition, un concours 3D/VR pour imaginer la ville africaine du futur. Quel est l’objectif de ce concours et qui peut y participer ?

Haddar Skender: L’Afro Creative Challenge a pour objectif d’inciter les jeunes africains à se projeter dans l’imaginaire des villes, des infrastructures, des systèmes d’éducation et de santé du futur.

Il s’agit de promouvoir une mentalité propice à l’innovation qui facilite la transformation des bonnes idées et pratiques en produits et services utiles pour soutenir l’agenda 2030 pour développement durable et l’agenda 2063 de l’Union Africaine, en permettant de penser l’Afrique dans toutes ses réalités et proposer des solutions inspirées des valeurs locales et des nouvelles technologies.

Les jeunes pourront présenter des projets autour du jeu vidéo, de la VR, de la 3D, de la BD, il n’y a aucune limite à la créativité. Ce challenge sera un vrai révélateur de talents.

AFN: Enfin, dites-nous qui et comment participer à Afric’Up 2019 ?

Haddar Skender: L’Afric’Up se veut une rencontre internationale unique qui offre l’opportunité à tous les acteurs des écosystèmes numériques africains et extérieurs au continent, de participer à des débats, des mises en relation, d’échanger avec tous les acteurs, les « makers » de la Tech africaine.

Et de permettre à tous les visiteurs de découvrir les savoirs, les innovations et les projets développés, présentés par les startups africaines.

Rendez-vous de promotion et d’émulation du numérique en Afrique, cet événement réunit intervenants de renommée internationale, investisseurs, chercheurs, entrepreneurs, organisations, et partenaires institutionnels sous l’égide de l’Alliance Smart Africa, de sponsors et partenaires prestigieux.

Une occasion unique de découvrir les tendances du numérique, nouer des relations d’affaires et réfléchir au mieux vivre ensemble par l’innovation, la créativité et l’entrepreneuriat en Afrique. Afric’Up est ouvert à tous, et nous nous serons heureux de vous y accueillir.

Propos recueillis par Jean-Claude BAKALI

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