Au Togo, le Ministère de la Culture et du Tourisme, à travers la direction du livre, a célébré la première édition du « Grand prix de la Littérature Togolaise » il y a de cela quelques jours. Un événement qui met sous le feu des projecteurs, les meilleurs auteurs des différents genres littéraires. Pour permettre à nos lecteurs de mieux comprendre les différents aspects de cet événement, l’Agence Panafricaine de Presse et de Communication (APC NEWS) à travers son journal en ligne, www.Afrique-News.Info, a rencontré Monsieur AZIATI Vinyo, Directeur de la Direction des Bibliothèques et de la Promotion Littéraire. Avec lui, nous sommes revenus sur l’initiative, ses objectifs, les critiques … Lisez plutôt l’entretien exclusif. 

Dites-nous, quand on parle de Grand Prix de la littérature togolaise, l’initiative vient d’où et c’est quoi concrètement ?

Je vous merci beaucoup pour la question. Pour revenir à la genèse de l’idée, c’est la direction de la bibliothèque et de la promotion littéraire, qu’on appelle généralement la direction du livre qui l’a conçue. Il s’était agi de valoriser pour un temps soit peu et pour la première fois dans ce pays, les écrivains. Donc, nous y avons conçu l’idée et après sa conception, il fallait qu’on ait l’aval des plus hautes autorités et la question du financement. La direction du livre n’avait pas de budget d’investissement pour faire un tel projet.

Le budget que nous avons, c’est ce qu’on appelle le budget de fonctionnement. Donc nous avons approché beaucoup de partenaires notamment les partenaires privés de la place. Leurs écoutes nous a permis de lancer cet événement. À quoi est-ce que cela a consisté ? D’abord, c’est par un appel à projet qui a été fait par voie de presse et des gens sont venus soumissionner leurs ouvrages. Nous avons pour cette première édition, autoriser les gens à venir avec des ouvrages qui sont sortis déjà des maisons d’édition, mais aussi avec des manuscrits. Vous avez votre tapuscrit, vous venez et le jury en avisera pour voir le contenu et voir l’accompagnement qu’on pourra vous faire. Donc, les gens sont venus déposer dans 4 domaines ou genres. Il y avait le compte, le roman, la poésie et le théâtre. Nous avons constitué un jury composé d’un mélange entre des professeurs d’université qui sont aussi des praticiens, des écrivains, des maisons d’édition. Ce qui a permis de jeter un regard critique sur les oeuvres. Mais on a fait à ce que chaque domaine ait des critères bien spécifiques. Car le regardes du poète n’est pas le même que celui du compteur ainsi que celui du romancier. Donc ils ont défini des critères différents. Mais le point commun de tous ces critères c’était l’originalité et la valeur ajoutée à la littérature togolaise. Il ne s’agit pas de faire de redites, mais il s’agit de faire progresser la littérature togolaise à travers les œuvres.

Le jury a rendu ses résultats et pour rendre les choses transparentes, nous avons pris les résultats tels que proclamés que nous avons publiés encore par voie de presse le 1er septembre, si je ne me trompe. Et c’est à travers cette publication que les gens ont pris connaissance des ouvrages retenus et donc dans le domaine du théâtre, il y avait le Trône au voyage de Mgr Nicodème Barigah. La professeur titulaire d’université, Tchassim Koutchoukahalou dans le domaine de la poésie. Il y a un éditeur qui est aussi écrivain qui est venu avec le tam-tam des ingrats et autres contes qui raconte textuellement des histoires tirées de la cosmogonie togolaise. Et puis en dernier ressort, il y a les éditions Saint Augustin qui avaient présenté un auteur qui est venu avec Le destin des habitants.

Ce sont ces 4 ouvrages qui sont retenus. Donc dès que les ouvrages sont retenus, il fallait organiser au cours d’une soirée qui a consisté en une soirée spectacle. Venir au Grand Prix de la littérature c’est bien, mais le public se demandera quel est le contenu de l’ouvrage et donc c’est en cela que nous avons innové pour dire qu’il faut des représentations scéniques. Nous avons invité Auxerre Panda qui avait travaillé sur le cinquantenaire de l’indépendance, donc c’est lui qui est venu faire la direction artistique de tout ce qu’il y a eu comme décor, comme animation ce jour-là. Nous avons également invité un monsieur qui nous est reconnu des Antilles et qui a fait l’animation virtuelle en toile de fond de ce que nous avons fait lors de cette soirée. Et puis avec les artistes qui sont un peu connu ici, qui ont un peu de la renommée pour faire la représentation et du spectacle de l’événement. Et donc c’est au cours de cette représentation là qu’il a été remis aux premier de chaque genre des chèques symboliques d’une valeur que vous connaissez, un (1) million de francs CFA. Je peux dire que c’est à peu près en quoi a consisté ce qu’il a été fait.

Au-delà du fait de célébrer la littérature, quel est l’objectif sous-entendu ?

C’est la promotion de la littérature. Dans notre entendement, l’attention doit être pratique. L’objectif qui sous-entend cela, c’est de créer un système d’émulation à l’américaine. On ne va pas dire aux enfants, aux États-Unis, voici comment on fait la fabrication d’ordinateurs. On vous amène des Steve Jobs. C’est ce que nous avons voulu faire. Au lieu de dire, les gens ont écrit des ouvrages, ils ont été primés, il faut montrer à la population ceux qui ont été primés. Cela permet à chacun de pouvoir les aborder, de pouvoir poser des questions. L’autre chose, l’intérêt s’est de déplacer toute la chaîne du livre. Parce que nous savons que sur la chaîne du livre, il n’y a pas que les écrivains, il y a les lecteurs, mais il y a la bibliothèque, il y a les imprimeurs, il y a les éditeurs, donc tous ces gens là, à partir du moment où nous avons une rencontre qui permet d’honorer les écrivains, on sait qu’ils ont été édictés par des éditeurs. Peut-être même qu’ils n’ont pas encore payé totalement les frais d’édition donc il faut les aider. Mais le fait que la population sache aussi que des gens ont reçu un prix, qu’il y a des ouvrages qui ont été primés, la demande par rapport à la lecture de ces ouvrages sera encore plus grandes que d’habitude. Les gens chercheront à savoir qu’est-ce qu’il y a dedans. On a déjà pris des dispositions, pour les disséminer dans la bibliothèque de manière à ce que le lecteur final, même s’il n’a pas eu l’occasion de lire à la fois la presse ou bien de venir au spectacle, puisse en avoir. Comme nous le disons, le plus important, c’est la valeur ajoutée que nous apportons à la littérature. En gros, le Grand prix de la littérature togolaise, c’est la promotion de la littérature togolaise pour contribuer à l’émergence d’un autre type d’écrivains au Togo à même de compétir sur la scène internationale à travers d’autres grands prix de la littérature comme le Grand Prix de la littérature d’Afrique noire.

Est ce que c’est un début pour la littérature de demain et comment voyez-vous la littérature togolaise de demain ?

La littérature togolaise de demain sera ce que nous avons décidé pour qu’elle soit. À partir du moment où le ministère est désormais impliqué, je pense que c’est un bon début. Avant, nous avons des littératures qui se faisaient pour satisfaire une demande. Aujourd’hui, nous allons encore fixé des objectifs  pour que cela puisse avoir plus d’en phase du togolais et c’est en cela que les prix sont un peu la reconnaissance des gens. Donc, on voudrait se décrocher, mais que dans cette littérature, on reconnaisse quand-même le Togo.

Nous avons parlé de la littérature d’aujourd’hui et de demain. Et la littérature passée, quelle est sa place ?

Elle a toute sa place dans ce que nous faisons à travers le Grand prix de la littérature togolaise. Dans le cadre de cette initiative, nous avons contacté des écrivains, des gens qui ont reçu des prix à l’international, très prestigieux. Je ne vous cache pas que nous avons parlé avec Kagni Alem qui n’est plus à présenter au niveau national et de l’international. Nous avons travaillé avec des maisons d’édition comme Graine de Pensée, AUDI qui ont édité plusieurs ouvrages et plusieurs auteurs. Pour dire que, c’est à partir de l’ancienne corde, qu’on tisse la nouvelle. Que la première édition du Grand Prix de la littérature Togolaise n’est que le résultat de ce qui se fait déjà dans le pays, mais qui a été mis sous les projecteurs pour que des gens puissent voir la preuve. Tous les ouvrages qui ont été primés, il n’y a pas un seul qui soit un tapuscrit des manuscrits. Qui ne soit pas encore sorti en édition. Donc ce sont des gens qui écrivent déjà et vous allez voir nul part, la jeune génération. Mgr Nicodème Barigah, m’a raconté quand je l’ai rencontré chez-lui parce qu’après tout c’est une autorité, qu’on n’a pas fait déplacer. Quand, je l’ai rencontré, il m’a dit que c’est un ouvrage qu’il a écrit en Côte d’Ivoire quand il était en formation. Après des décennies si cet ouvrage est primé, pour lui, c’est une grâce de Dieu. Il encourage les jeunes à la persévérance et à la patience. Donc, je puis vous rassurer qu’il n’y a personne qui a été mis sur le carreau. Il n’y a que les moyens qui manquent, car nous ont permis sous nous d’appeler tout le monde. Mais en ce temps de covid, la plupart de ces anciens écrivains vivent à l’étranger.

C’est la première édition et aux yeux de beaucoup de personnes, c’est une réussite. Vous, qu’est-ce que vous avez remarqué ? L’engouement était au niveau de vos attentes ?

Je ne peux pas vous dire ce que je pense de cette première éditeur. Il y a mes collaborateurs qui pourront vous donner leurs impression mais c’est une réplique des Oscars qu’on aurait voulu faire avec l’animation vidéo synchronisée, malheureusement, nous n’avons pas eu les moyens nécessaire. Toutefois, je ne crois pas qu’un seul ministère dans ce pays a une fois fait ce que nous avons fait avec une représentation scénique des ouvrages. Donc les gens ne s’attendaient pas à un événement de cette hauteur, à cette dimension.

Je dirais que cela a suscité beaucoup d’engouement, parce que nous avons une salle de 500 personnes. Nous avons été instruits par les plus hautes autorités de ne prendre que 130 personnes, c’est-à-dire le tiers de la salle, mais la façon dont les gens appelaient, « est-ce qu’on peut trouver des invitations », « est-ce qu’on peut venir ? » Nous avons compris que c’est plus qu’une soif des littéraires que nous avons étanchée à travers cet événement des Grands Prix de la littérature togolaise. Et maintenant, quand la manifestation est finie, le nombre de retours positifs, nous rassure de la réussite. L’autorité nous a appelée pour nous féliciter.

Après la première édition du grand prix de la littérature togolaise, la suite, c’est quoi ?

D’abord, la suite même de cette première édition, je l’ai dit entre-temps, c’est de récupérer les ouvrages. De nous assurer des droits d’auteur, parce que les auteurs des fois, ils n’ont pas tous les contours des droits d’auteurs. La bibliothèque va faire la diffusion de ses ouvrages. C’est aussi de proposer ces ouvrages à des prix à l’international. Et ça, nous sommes en train de travailler là-dessus. J’en ai discuté avec le ministre sur ce qu’on peut faire pour que les ouvrages que nous choisissons ici soient comme un premier palier vers les grands prix à l’international. Cela va aussi créer l’émulation et puis l’excellence au niveau de l’écriture. Je me résume, c’est de prendre les ouvrages, les dupliquer pour que cela soit au niveau de la bibliothèque de l’État sur tout le pays. Avec l’accord de leurs auteurs, de les proposer à des prix au niveau de l’international.

Monsieur le Directeur, quelques jours après la première édition du grand prix de la littérature togolaise, Tcha-Koura Sadamba alias Sami Tchak, a reçu un prix à l’international. Quel sentiment vous anime ?

Nous lui avons adressé une lettre de félicitation, le ministère de l’a félicité et le ministère a souhaité qu’il y ait de plus en plus de lauréats togolais comme lui.

Monsieur le Directeur, il y a quelques critiques sur le niveau de certains ouvrages qui ont été primés. Que répondez-vous ?

Nous allons tout faire pour prendre en considération ces observations. Je vous l’ai dit tantôt que nous avons associé à la fois des théoriciens et des praticiens. Les résultats ont été publiés par voie de presse tels que retenus par le jury, je ne saurais m’engager là-dessus. C’est un jury constitué de professeurs d’université, de maisons d’édition que nous avons sollicité, l’une de ces maisons d’édition est invitée actuellement à l’expo universelle de Dubaï alors que nous-mêmes direction ne sommes pas invitées. C’est pour vous dire un peu la hauteur de ce qui a été fait. Mais j’espère quand-même que tout humain est susceptible de perfection. Et c’est dans ce sens que je disais tantôt que nous prenons avec sportivité tout ce qui est dit. De manière qu’on puisse améliorer. Même le ballon d’or ne fait jamais l’humanité.

Il faudrait que quand on parle du Grand Prix de la littérature togolaise, que les gens voient le drapeau et que chacun se retrouve dedans. Tant qu’on ne sera pas arrivé à ce niveau là, pour nous, ce sera une épine dans l’organisation qu’il faut enlever. Je peux vous dire que les prochaines éditions seront fait avec des comités plus élargie car lorsque vous êtes dedans, finalement, on fait moins de critiques.

Interview réalisée par Jean-Claude BAKALI

Tel: +228 91 60 29 39 / +228 70 17 73 40

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