
Le malheur des zones minières sur le continent reste un réel problème non seulement sur le plan du développement de ces localités mais aussi source de conflits latents. La Guinée qui est en dehors de la RDC un des plus grands scandales géologique en termes de richesses minières, n’est pas exempte de cette situation de malheur ou mieux de malédiction que vivent les localités richesses en ressources minières. C’est bien le cas, de la localité de Boké, dans le nord-ouest de la Guinée, principale zone d’exploitation du Bauxite.
En effet, il n’est pas un secret qu’en Guinée, l’exploitation de la bauxite est en plein essor au point que le pays est devenu aujourd’hui l’un des principaux exportateurs de ce minerai notamment le premier fournisseur de la Chine qui en fait de l’aluminium et c’est la localité de Boké au nord-ouest du pays qui est le point central de cette croissance avec des dizaines de carrières à ciel ouvert. Ce qui n’est pas sans conséquences sur les habitants de la région. Une situation qui a amené l’ONG Human Rights Watch à faire des enquêtes dans une dans une trentaine de villages de la région dont le rapport intitulé : « Quel bénéficie en tirons-nous ? », a été inspiré par le faite que les populations de la localité Boké en majorité agriculteurs, qui ont vu leur mode de vie complètement chamboulées ces trois dernières années par l’exploitation du Bauxite ne cessent de prononcer cette phrase. Ce rapport de Human Rights Watch met en lumière comment l’accroissement du secteur minier dans la zone Boké a parfois pris le pas sur la protection des questions sociales et environnementales, à cause du manque de surveillance adéquate de l’Etat.
Ce qui a comme conséquences, la perte de terres et de moyens de subsistance dû au fait que les entreprises minières profitent de l’ambiguïté du droit foncier guinéen pour exproprier les villageois de leurs terres ancestrales sans offrir d’indemnisation appropriée à ces derniers ou encore l’agent versé aux communautés ne compense pas la perte de profit. Selon Jim Wormington, chercheur à la division Afrique de Human Rights Watch « L’approche des sociétés minière de la zone, c’est de donner de l’argent pour la terre. Cela veut dire que vous remplacez les terres qui ont été utilisées par toute une communauté pour l’agriculture, par de l’argent qui est donné à un chef de famille ou de communauté qui n’a aucune formation sur la façon de gérer cet argent. Donc c’est tout un mode de vie agriculteur qui est en train de disparaître. » L’autre conséquence est celui de l’accès réduit aux ressources en eau et le cas village de Lansanaya où la rivière a été asséchée avec l’arrivée de la mine à proximité reste très révélateur. « Avec l’arrivée de l’exploitation sur la colline, les sédiments de la mine sont tombés vers cette rivière qui a presque disparu », indique toujours Jim Wormington. Ce qui rend les habitants dépendants de la société d’exploitation pour avoir accès à de l’eau en citernes. Sur le plan sanitaire aussi la conséquence reste triste. En effet, l’extraction et le transport de la bauxite produisent une poussière rouge tenace, des particules fines qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, peuvent déclencher des maladies respiratoires et cardiovasculaires chez les habitants.
On peut aussi noter la perte de productivité des terres agricoles, la baisse des revenus tirés de la pêche ou encore, l’afflux de populations à la recherche d’un emploi. Bref, l’équilibre social de la localité est complètement bouleversé. Un équilibre entre une protection environnementale et sociale, une protection de droits humains et les revenus qui sont engendrés. Les populations se plaignent, Les sociétés minières les écoutent, mais rien n’est fait en retour. Note le rapport. Human Rights Watch estime que sans équilibre ce ne sera pas une exploitation durable pour l’Etat guinéen et les communautés dans la mesure où les populations se sentent lésées. Et pour preuve, en avril 2017, des milliers de jeunes de la zone de Boké frustrés de ne tirer aucun bénéfice de cette exploitation avaient saccagé des bâtiments publics et érigé des checkpoints officieux afin d’empêcher les sociétés minières de mener leurs activités.
Pour cette ONG internationale, « pour une meilleure cohabitation entre les mines et les habitants, il faudrait que l’Etat surveille mieux les exploitations. Mais les moyens manquent, tout comme la volonté politique. »