Un scandale se fabrique. Le navire OCEANSPRINCESS est interdit de décharger au port autonome de Lomé. Une décision du ministre de l’Agriculture, le colonel Ouro-Koura AGADAZI, en date du 7 janvier. Un esclandre qui brandit la thèse d’une cargaison de riz de qualité douteuse, impropre à la consommation, que transporterait ce navire, malgré tous les documents fournis par l’armateur et le fournisseur du produit. Une situation qui choque de grands groupes d’affaires sur le continent. Le climat des affaires en bonne température avec les efforts du Chef de l’Etat Togolais, se réchauffe malheureusement. Le risque de voir de grands groupes de traders saper le port de Lomé, est grand. L’enquête !

Présent dans presque tous les pays du monde, le Groupe Olam dont le navire Oceanprincess est interdit de décharger au port de Lomé, vit très difficilement cette situation qu’elle trouve « insupportable » au regard de son expérience dans le commerce international. Son navire contiendrait une cargaison de riz de qualité douteuse et impropre à la consommation.

Tout est parti d’une alerte donnée le 28 décembre 2018 par la Ligue togolaise des consommateurs (LTC) qui demandait aux autorités d’interdire l’accostage du navire au port de Lomé. Le ministre de l’Agriculture, le colonel Ouro-Koura AGADAZI, saisit dans un courrier en date du 7 janvier, le directeur du port de Lomé. Il lui demande de ne pas autoriser le déchargement du navire. « La documentation fournie par le navire n’étant pas conforme, nos services techniques ne peuvent procéder à l’inspection phytosanitaire de la cargaison en application de la réglementation phytosanitaire en vigueur au Togo », justifie le ministre AGADAZI, dans sa note.
Et pourtant, quelques heures avant, une délégation du Groupe avait été reçue par le Ministre. Toutes les explications lui ont été fournies avec des pièces justificatives à l’appui.

Que savoir de la cargaison du riz chargée sur Oceanprincess ?

Au départ, la cargaison était destinée à un client en Guinée –Conakry. Il s’agit de 78.809 sacs de riz de la Birmanie. Mais suite à des malentendus liés aux poids réduits de certains sacs de riz dont le poids normal devrait être de 50 kg, le fournisseur décide de la renvoyer à un autre client par le port de Lomé. Toutes les négociations de reconditionnement et de compensation du manquant avec le client guinéen (dont nous taisons le nom) n’ont pas abouti.

Aucune constatation liée à la qualité douteuse du produit et sa consommation impropre n’a été relevée. Tous les documents du fournisseur sur la cargaison le prouvent suffisamment. L’état de chargement dont nous avons copie a été fait le 18 novembre 2018 par la société guinéenne de transit Transco SA. On note également le rapport du conditionnement. (Copie)

        

L’analyse du produit a été réalisée au Laboratoire ONCQ (Office national de contrôle qualité) en Guinée, et porte le numéro 1251-2018/ONCQ. Sur la copie du certificat d’analyse, il est bien précisé que 30 kgs de riz blanc birman 25% brisures de qualité supérieure « CIAO », d’un lot important de 22000TM, ont été analysé le 19 novembre 2018. La Conclusion de cette analyse affirme : « L’échantillon analysé est du riz blanc birman 25% brisures qualité Superior « CIAO », de qualité satisfaisante, propre à la consommation humaine. Les résultats ne se rapportent qu’à l’échantillon soumis à l’analyse. » (Copie en image)

Ces documents sont confortés par deux certificats phytosanitaires délivrés par le ministère birman de l’agriculture

qui atteste en date du 11 et 12 septembre 2018 que le produit a subi tous les traitements requis pour sa conservation en bon état. (Copies du document)

A la découverte de tous ces éléments, l’on est en droit de se demander que reproche-t-on réellement au navire OCEANPRINCESS et à sa cargaison de riz ? Les raisons seraient sans doute ailleurs…

La LCT dans un mauvais rôle?

La Ligue des Consommateurs Togolais se félicite d’avoir influencé le ministre de l’agriculture en interdisant au navire Oceanprincess d’accoster. « Bravo à LCT. Bravo au ministre. Enfin, le navire Oceanprincess interdit d’accoster au port de Lomé », peut-on lire sur une de leurs plateformes.

C’est bien vrai que l’alerte de la LCT s’inscrit dans sa mission de veille citoyenne pour ce qui concerne toute consommation nuisible aux citoyens. Mais parfois, il est important de recadrer le débat pour ne pas jouer peut-être involontairement le mauvais rôle. La LCT n’a aucun document du ministre interpellé, justifiant la qualité douteuse de la cargaison du riz en question. Sur quoi se base-t-elle pour crier « victoire » ? D’après nos investigations, l’un des responsables de l’Association Togolaise des Consommateurs a eu le courage d’attirer leur attention sur cet aspect, tout en leur demandant de ne pas vite aller en besogne au risque de servir des intérêts cachés.

La LCT, au-delà de l’alerte doit exiger des autorités en charge du dossier des éléments justificatifs confirmant ou pas en toute neutralité l’alerte. Ne tenir compte que d’éléments plus ou moins subjectifs les conduirait dans un rôle contre-productif.

Les abus d’un ministre toujours désavoué : le colonel AGADAZI

Ministre de l’agriculture, le colonel Ouro-Koura AGADAZI n’a toujours pas bonne presse. Souvent cité dans des injustices et abus commis dans le cadre de son travail, il en donne encore la preuve.

A l’annonce de l’alerte de la LCT, une délégation du Groupe Olam a été voir le patron de l’agriculture. Les responsables du groupe ont répondu à toutes les préoccupations du ministre. Ils ont d’ailleurs, demandé au ministre d’autoriser une analyse de l’échantillon de la cargaison du riz en question. « Le Colonel, tout d’abord nous a rassurés qu’il n’a pas interdit l’accostage, et que c’est une question de formalisation. On est surpris de constater que qu’après notre départ il ait donné l’ordre formel d’interdire l’accostage du navire. Nous payons 5000 dollars par jour pour le stationnement…Et ce depuis le 5 janvier que le navire est arrivé au port de Lomé. Ce n’est pas encourageant pour les affaires au Togo », s’indigne un des responsables locaux du Groupe Olam.

On note chez le ministre AGADAZI, une manière non professionnelle de gérer les affaires. Quels sont les documents de contre-analyse qui prouvent que la cargaison du riz est impropre à la consommation ? De quelle documentation parle le ministre de l’agriculture quand on sait que des produits ont toujours été convoyés de la Guinée au Togo. Entre-temps, il avait fait savoir aux responsables locaux du Groupe Olam que c’est les autorités guinéennes qui l’ont tenu informé de la qualité douteuse du produit. Des propos très graves qu’il rejettera plus tard avec l’argument d’une documentation non conforme.
Par-dessus tout, le colonel ordonne l’interpellation de 21 membres de l’équipage du navire, par la brigade maritime de la gendarmerie nationale qui leur retire leurs passeports.

D’après nos contacts en Guinée, le client guinéen qui réclamait une énorme caution au fournisseur serait dans l’ombre de la mise en scène de ce scandale. Il ne pardonnerait pas son fournisseur de convoyer la marchandise vers un autre pays. On poursuit les recoupements d’éléments. Mais pourquoi, le ministre ne fait-il pas son travail en toute neutralité, et semble forcer de trouver des arguments qui nuisent à une partie.
Cette situation est une parfaite illustration des nombreuses plaintes souvent signifiées par des opérateurs économiques internationaux, des traders, des compagnies maritimes qui accusent parfois les autorités togolaises de favoriser la concurrence déloyale de certains groupes au Togo contre d’autres opérateurs économiques.
De telles pratiques pourraient constituer des éléments de blocage à la politique du Chef de l’Etat togolais qui à travers le PND, veut faire du Togo un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région.

Enquête exclusive réalisée par JCB, pour Afrique-news.info

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