
En dépit des troubles sociaux politiques de ces dernières années, la démocratie togolaise offre des perspectives de bonne augure et toutes les couches sociales, et la diaspora togolaise se doit prendre part active au processus de décentralisation et de développement.
En initiant le mois de la diaspora dont la première édition a été lancée cette le 05 septembre, le collectif des Jeunes pour le Développement (CJD) et ses partenaires offrent aux populations et à la diaspora togolaise l’opportunité d’apprécier le climat de la démocratie togolaise et les raisons d’espérer que le développement est possible au Togo, dans un contexte de décentralisation participative qui en branle ces dernières années.
« Emigration, décentralisation, et opportunités de développement », le thème de cette première édition en est évocateur, et les communications faites par d’éminents experts de la question du développement de notre pays sont à plus d’un titre édifiantes.
Nous voudrions pour preuve que les grandes idées partagées par Dr Kini du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales. De cette communication axée sur la décentralisation, il faut retenir quelques grandes idées.
La décentralisation comme ferment de la démocratie
Le processus de décentralisation au Togo se veut participatif. Ceci est une chose évidente, en dépit de nombreuses critiques qui fusent ça et là sur le fonctionnement des collectivités locales. En effet, dit Dr Kini, ‘’la démocratie ne va pas de soi et ne s’installe pas durablement dans le temps sans les occasions de réflexions citoyennes’’ (comme celle du mois de la diaspora). La décentralisation est une démocratie de proximité, elle transforme la citoyenneté en une citoyenneté fusionnée , en ce sens qu’elle ‘’participe vigoureusement à la construction démocratique, en façonnant, mieux, en préparant le citoyen à ses responsabilités, dans le respect du pacte républicain’’.
Au point où notre pays est arrivé ces dernières années, (au-delà des législatives en cours), la décentralisation qui cristallise les attentions. ET citant l’ancien Maire de Lille Pierre Mauroy, le communicateur souligne que ‘’ la décentralisation est aujourd’hui le meilleur moyen de réaliser et d’accentuer la démocratie. Elle est pour tous, la possibilité d’accéder à la responsabilité et à la responsabilité…’’
Ceci appelle à la participation et à la responsabilité de tous, mieux de nos frères de la diaspora. La diaspora togolaise doit jouer sa partition dans le processus de décentralisation en apportant ses idées, initiatives et ses financements au développement, ce qui contribuera à l’enracinement de la démocratie.
Un contexte favorable à la participation de la diaspora.
Quelques années en arrière, évoquer la participation de la diaspora à l’édifice démocratique apparaissait utopique, car certains jusqu’aujourd’hui limitent la participation de notre diaspora aux votes électoraux uniquement. Au file du temps, les expériences ont permis mieux cerner la conception, et les acquis ont permis d’avancer en améliorant le processus. De l’origine des communes au Togo (1932) à ce jour, beaucoup d’étapes ont été franchies et des améliorations sont en train d’être apportées au processus de décentralisation.
Dans cette optique, et relançant le processus dans la perspective des élections locales (probablement après les législatives), ‘’le gouvernement togolais s’est doté d’une feuille de route de la décentralisation et des élections locales’’, constate Dr Kini se référant à l’atelier national du 6 au 8 décembre 2016 à Lomé portant sur la décentralisation, atelier assorti de recommandations, dont la mise en œuvre a permis entre autres, ‘’l’adoption de la loi numéro 2017 – 008 du 29 juin 2017 portant création de communes, pour relancer le processus de communalisation intégrale du pays et la définition d’une stratégie de communication centrée sur la formation et le renforcement des capacités des acteurs des collectivités locales.
Bref, le gouvernement togolais s’est résolument engagé à ‘’relancer le débat de la décentralisation dans un élan participatif et comparatif’’, note le communicateur qui relève et salue l’état d’esprit dans lequel le CJD organise le mois de la diaspora 2018.
Comment la diaspora doit s’orienter pour s’investir
La volonté du gouvernement seule ne suffit pas pour amener la diaspora à s’impliquer pleinement.
Elle devra se fonder sur des fondamentaux d’une démocratie qui veut évoluer et s’enraciner et faire prospérer sa décentralisation et donc le développement. Il s’agit, selon l’orateur de prendre en compte du sens de consensus. Le consensus nous réfère au sens de compromis. Dans ce contexte, la décentralisation, doit être entendu non comme ‘’une opinion’’ adoptée par une majorité, mais plutôt par l’ensemble des acteurs, ‘’comme un processus, une construction, ce qui suppose l’apport de multiples opinions différentes, et leur adaptation progressive’’. Cela dit, nul ne doit se soustraire ou pourfender ni le processus, ni la décentralisation ni l’élan de la démocratie dans son pays. Tout le monde n’est pas satisfait des résultats, tout le monde peut juger les résultats acceptables ; car le consensus est un facteur d’inclusion.
Le deuxième facteur a rapport avec la progressivité. Ce qui suppose une évolution dans le processus. C’est le ‘’développement par étapes, de façon continue’’’, note Dr Kini, qui souligne que ‘’la décentralisation au Togo ne sera pas un donné, mais un construit emprunt d’amélioration à pas cadencé. Elle devra emprunter le chemin de la progressivité’’.
Nous devons également tenir compte du concept de ‘’relativisme’’, ou du refus de l’absolu. Cela demande de la souplesse dans nos comportements dans nos options et prises de position et de décision. Le communicateur voir d’ailleurs une imbrication harmonieuse du concept de relativisme d’avec le consensus et la progressivité. Bref, aucune solution ne sera imposée. La meilleure solution sera sans doute celle qui sera construite par nous, avec nous et pour nous en utilisant des matériaux venant d’ici et d’ailleurs et le ciment de nos réalités domestiques’’, a précisé l’orateur, car n’oublions pas : « Vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà », avait prévenu Blaise Pascal.
Le quatrième postulat fait référence à l’infrastructure. Attention, il ne s’agit pas des infrastructures, mais d’une base indispensable à l’édification, au maintient et au bon fonctionnement d’une structure concrète. Ce que Dr Kini désigne par ‘’l’exigence d’un ensemble de capacités, de ressources, d’installations, d’équipements permanents qui conditionneront le fonctionnement efficient de nos collectivités’’. Prenant en compte cet ensemble de postulat, la diaspora pourra s’approprier la décentralisation au Togo et s’y impliquera en contribuant au développement de nos collectivités. S’y soustraire est un gaspillage de soi-même. Car ‘’toute démocratie suppose une activité, de contrôle, de critique, d’interpellation et de vigilance’’ rappelle Dr Kini qui se réfère à Périclès en ces termes : « Nous considérons à Athènes que le citoyen qui se désintéresse des affaires de la cité est un citoyen inutile, c’est un parasite, nous ne concevons pas les citoyens sans cet intérêt pour l’activité politique. »
Le processus de décentralisation est engagé au Togo. Il est irréversible. Le pays a besoin des énergies de tous ses fils et filles pour la réaliser et avancer vers le développement.
Thibault Adjibodin.
Inspiré de la communication de Dr Kini sur la Décentralisation (à l’occasion du mois de la diaspora 1ere édition)