
Les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) sont la matière première de l’industrie chimique et la source d’énergie la plus utilisée dans le monde : ils fournissent plus de 80% de l’énergie utilisée, loin devant l’énergie nucléaire et les autres formes d’énergie (hydraulique, éolienne, solaire…).
En effet, il est extrait chaque année dans le monde, des combustibles fossiles de l’ordre de 8 milliards de tonnes, soit 3,5 milliards de tonnes de charbon, 3,1 milliards de tonnes de pétrole et 1,4 milliards de tonnes de gaz. Les impacts et les effets dévastateurs des ces productions sur l’environnement et la vie des hommes sont nombreux et à des degrés divers comme, la pollution des nappes phréatiques, des mers, de l’air, l’appauvrissement des terres et la modification du cycle des écosystèmes naturels. Un monde sans énergies fossiles, c’est le vœu de tout le monde qui souhaite trouver les voies et moyens pouvant permettre d’utiliser le moins possible ces types d’énergies, responsables de 80% des émissions mondiales de CO2 et de 67% des émissions de gaz qui réchauffent la terre. Autrement dit, «le monde sans les énergies fossiles, la transition vers les énergies renouvelables » doit être le crédo de toute personne soucieuse du bien-être et de l’avenir de la planète autrement dit vivre sain dans un environnement sain.
Mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles. Comme dit précédemment, on extrait chaque année dans le monde les combustibles fossiles, de l’ordre de 8 milliards de tonnes. Même si elles sont utiles et ont permis l’évolution des civilisations, elles ne présentent pas moins de risques potentiellement dangereux pour l’Homme et la nature, leur production et consommation engendrent la pollution des nappes phréatiques, des mers, des sources de nourriture, l’air et modifie le cycle des écosystèmes naturels. Malgré la dynamique internationale en faveur de la lutte contre le changement climatique et la promotion des énergies renouvelables, certains pays africains continuent de distribuer des subventions aux combustibles fossiles.
On estime qu’en 2030, 89% des personnes souffrant de précarité énergétique dans le monde vivront en Afrique subsaharienne. Bien que la part des combustibles fossiles dans l’énergie consommée y soit restée relativement stable au cours des deux dernières décennies (à près de 40%), la découverte récente de gaz et de pétrole dans la région pourrait conduire à un usage accru des combustibles fossiles pour la production d’énergie. La croissance rapide de la population et de l’économie continuera aussi d’alimenter la demande d’énergie par habitant, que ce soit pour l’électricité ou les transports, ces derniers restant largement dominés par les combustibles fossiles.
D’un point de vue environnemental, les subventions aux combustibles fossiles encouragent le gaspillage, découragent l’investissement dans les économies d’énergie et faussent les règles du jeu pour les énergies renouvelables. L’Agence Internationale de l’Energie estime que l’élimination de ces subventions permettrait d’atteindre 12% des réductions d’émissions nécessaire d’ici 2020 pour limiter le réchauffement climatique mondial à 2°C, 15% de ces économies étant réalisés par l’Afrique. « L’Accord de Paris » limitant l’augmentation moyenne des températures mondiales à moins de 2°C, tout en s’efforçant d’atteindre un objectif plus ambitieux de 1,5°C d’augmentation maximale.
Selon une étude du GIEC, on estime ainsi qu’en 2015, le montant total des subventions aux combustibles fossiles distribuées par les pays d’Afrique saharienne s’est élevé à 26 milliards US$, un chiffre en baisse par rapport aux 32 milliards US$ estimés pour 2013, en raison des efforts de réforme et de la chute des prix des combustibles fossiles, en partie compensés par la hausse de la demande d’énergie (subventions avant et après impôt comprises). Les pays ayant distribué plus d’un milliard de dollars de subventions aux combustibles fossiles en 2015 sont l’Afrique du Sud, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, le Nigeria, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Si on y ajoute les externalités – telles que la pollution locale, l’impact sur le changement climatique, les accidents de la route et les embouteillages –, les coûts estimés liés aux subventions aux combustibles fossiles atteignent 75 milliards US$ en 2015 pour l’ensemble de la région. La plus grande partie de ces coûts se rattache à la consommation et à la production de pétrole, de charbon et d’électricité.
L’OCDE note ainsi qu’en Afrique du Sud, les subventions ont atteint 3,5 milliards US$ en 2016, contre 2,9 milliards US$ en 2014. Cependant, ces statistiques ne couvrent pas d’autres pays africains. L’AIE estime quant à elle que les subventions à la consommation de combustibles fossiles de l’Afrique du Sud se sont élevées à 3,6 milliards US$ en 2016, contre 118,8 millions US$ pour le Gabon, 30,9 millions US$ pour le Ghana et 2,5 milliards US$ pour le Nigeria, qui possède une économie de plus grande taille. À titre de comparaison, les subventions à la consommation dans des pays d’Afrique du Nord comme la Libye ou l’Égypte ont atteint respectivement 2,5 et 11,1 milliards US$. Le Gabon, pour sa part, a un niveau élevé de subventions par habitant, bien qu’en valeur absolue, les subventions du pays soient relativement modestes
À l’heure actuelle, la production de combustibles fossiles en Afrique est financée à la fois par les pouvoirs publics et des institutions financières publiques. Sur le continent, les investissements réalisés entre 2008 et 2014 par des banques multilatérales de développement dans le secteur des combustibles fossiles ont atteint 13 milliards US$. Ou encore, en Afrique du Sud, le soutien des organismes de crédit à l’exportation de pays membres de l’OCDE en faveur de l’extraction de charbon et de la production d’électricité à partir du charbon s’est élevée à 4,5 milliards US$.
Face aux effets dévastateurs de ces combustibles fossiles, des voix se sont levées pour fustiger l’attitude des grandes nations qui continuent d’accorder des subventions pour leur pérennité. Plus de 80 économistes venant de 20 pays différents, ont publié jeudi 7 décembre 2017 une déclaration réclamant « l’arrêt total des flux financiers vers la production et les infrastructures fossiles et une augmentation massive des investissements dans les énergies renouvelables ». « Pas un euro de plus ne doit être accordé au charbon, au pétrole et au gaz », annoncent-ils dans cette déclaration. « Il est temps que les dirigeants européens, et en particulier le président Macron, qui comprend la menace que représente le déni climatique de Donald Trump pour notre planète, en finissent avec les subventions et les investissements qui entretiennent notre dépendance aux combustibles fossiles », a affirmé l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.
L’ODD 12 « établit des modes de consommation et de production durables », dans le cadre notamment d’une « rationalisation » des subventions aux combustibles fossiles. Dans le cadre du G20, l’Afrique du Sud a réitéré chaque année depuis 2009 son engagement à mettre progressivement fin aux subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles. À l’OMC enfin, les « Amis de la réforme des subventions aux combustibles fossiles » ont publié un communiqué appelant à une action plus rapide pour mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, qui a été soutenue par l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, le Maroc, le Mozambique et l’Ouganda.
Ainsi des pays africains ont reconnu l’importance de réformer les subventions aux combustibles fossiles en prenant des engagements dans différents cadres. L’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana, le Maroc, le Rwanda et le Togo se sont engagés à réformer leurs subventions aux combustibles fossiles dans le cadre de leur « contribution déterminée au niveau national » (CDN).
Le cas du Togo
Au Togo, existe-t-il une solution de remplacement efficace de ces énergies fossiles ? François Lardja Monkouna, conseiller du ministre togolais de l’Environnement et des ressources forestières, affirme que selon la Contribution prévue déterminée au niveau national (CPND) du Togo, relative à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, si le statu quo persiste en matière d’énergie, on noterait une aggravation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, une augmentation de la pauvreté monétaire et non monétaire et même des conséquences sur le plan agricole. « Réduire par tous les moyens l’usage des énergies fossiles, émettrices des gaz à effet de serre est une solution efficace contre les changements climatiques. Les combustibles fossiles étant des ressources d’émission de gaz à effet de serre, il est important de mettre en œuvre des initiatives sobres en carbone », a-t-il soutenu.
Selon lui, parmi les mesures prises par le gouvernement togolais, il y a la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs de l’énergie, la promotion de la biomasse dans les ménages, l’électricité à base solaire et une diminution de la consommation de carbone et de carburant fossile dans le secteur des transports. Les efforts du gouvernement visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont entre autre notamment la promotion de la biomasse dans les ménages, l’électricité à base solaire et une diminution de la consommation de carburant fossile. « Le rêve d’un monde idéal est permis mais, ce qui compte, c’est la stratégie pour y arriver », a estimé M. Didier Kokou Agbémadon, coordonateur national de l’ITIE-Togo. « Nous disposons particulièrement en Afrique, d’énormes potentialités pour réussir cette transition vers les énergies renouvelables comme: l’hydroélectricité, l’énergie solaire thermique ou photovoltaïque, les bioénergies ou encore l’énergie éolienne ».« Il nous appartient de réfléchir à des solutions adéquates pour une transition énergétique écologiquement durable et socialement viable » a déclaré un cadre du ministère de l’environnement.
Le 25 octobre 2017, une campagne dénommé « Campagne deCOALonise » lancé au Togo par l’ONG JVT vise à sensibiliser les populations sur la nécessité de mettre fin à l’usage des énergies fossiles non seulement au Togo mais aussi en Afrique. « Le respect de l’environnement exige une transition vers l’énergie renouvelable propre pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) » explique Dahoun Komivi, le chargé de communication et des relations publiques à l’ONG JVT et coordonnateur du projet deCOALonise. « Nous réaffirmons notre engagement au niveau local, national, régional et continental pour veiller au bannissement des énergies fossiles pour aider les Etats à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), susciter le débat sur les impacts des activités d’extraction des énergies fossiles, surtout du pétrole dans le monde, attirer l’attention des décideurs togolais sur les conséquences négatives de l’extraction éventuelle du pétrole au Togo sur les citoyens » a-t-il insisté.
Il est important de mettre en œuvre des initiatives sobres en carbone sinon une aggravation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, une augmentation de la pauvreté monétaire et non monétaire et même des conséquences sur le plan agricole sont à craindre si les énergies fossiles continuent d’être utilisées. Une vision à long terme, une rupture dans les comportements d’usage, et la mise en place d’une politique et une stratégie qui interpelle toutes parties prenantes, à savoir, le gouvernement, les investisseurs et les organisations de la société civile sont incontournables pour une transition énergétique écologiquement durable et socialement viable.
Somme toute, les gouvernements doivent, enfin, veiller à ce que le financement du développement et des exportations cesse de soutenir l’exploration, la production ou la consommation de combustibles fossiles. Cela suppose notamment que les financements climatiques excluent tout projet lié aux combustibles fossiles, comme par exemple les centrales alimentées au charbon avec captage et stockage du dioxyde de carbone ou la construction de centrales thermiques supercritiques fonctionnant au charbon.
Ekué Kodjo KOUDOHAH