
En France, depuis vendredi dernier, l’affaire fait grand bruit dans les médias. En Afrique, elle fait également bruit dans les médias et dans l’opinion publique au Togo et en Guinée. Il s’agit bien de l’affaire qui oppose la justice française à l’homme d’affaire français, le magnat des médias et portuaires, Vincent Bolloré. Affaire dans laquelle l’homme d’affaire est poursuivi depuis une dizaine d’années pour corruption dans la concession du port de Lomé et de Conakry. Vendredi, il a fini par plaider coupable en vue d’éviter d’être poursuivi en correctionnel. Au Togo, alors que beaucoup de voix s’élèvent pour demander une réaction officielle du gouvernement, les dirigeants togolais disent rester serins. Quels sont donc les éléments qui fondent la sérénité de l’État togolais dans cette affaires qui fait grand bruit à travers le monde ?
En effet, avant tout chose, il est bienséant de rappeler un peu le contexte de cette affaire qui en réalité date de 2010, soit quelques temps avant la présidentielle de la même année au Togo et qui va consacrer la réélection du chef de l’État togolais Faure Gnassingbé pour son second mandat. Cette affaire porte également sur une somme d’environ 200 millions de FCFA, qui représenterait une partie des frais de communication que Vincent Bolloré aurait payé pour obtenir un marché de plusieurs milliards au port de Lomé. Après avoir planté ce décors pour permettre aux lecteurs de mieux cerner les contours de cette affaire, place donc aux éléments sur lesquels l’État togolais se fonde pour être serein malgré le grand bruit que cette affaire fait en ce moment.
D’abord, du côté de l’État togolais qui pour le moment n’est pas concerné par cette affaire, l’on pense que cette affaire ressemble beaucoup plus à un règlement de comptes entre français. Car il n’a pas superflue de rappeler qu’à l’époque, un autre homme d’affaire français qui lorgnait également le port de Lomé et de Conakry, avait contesté le fait que la concession du port de Lomé soit attribué au groupe Bolloré. Toutefois, selon nos sources, l’État togolais reste disponible à répondre avec sérénité s’il venait à être saisi dans le cadre de cette affaire. Cependant, il faut se poser la question de savoir pourquoi c’est le Togo qui est le plus cité dans cette affaire à lors que l’affaire implique deux pays. Est-ce innocent ? S’interroge une de nos sources.
Ensuite, la réponse à cette interrogation de notre source semble se justifier dans la mesure où, lorsque l’on prend les deux pays concernés par cette affaire, à savoir le Togo et la Guinée, la situation n’est pas la même. Alors qu’au Togo, Bolloré voulait une reconduction du contrat car étant déjà présent sur appel d’offres. Dans l’autre pays, une société a du être expulsée afin que le marché revienne au groupe Bolloré. Tout semble donc clair que si le Togo est le plus cité dans cette affaire depuis vendredi, il s’agit bien et belle d’un acharnement contre le Togo. De quoi justifier la sérénité de l’État togolais qui se reproche de rien.
Enfin, la grande raison sur laquelle l’État togolais fonde sa sérénité dans cette affaire, est le fait que selon nos informations, la mise en concession de l’activité de manutention de conteneurs et de marchandises diverses au Port Autonome de Lomé obtenue par le Groupe Bolloré, ne date pas de 2010 comme l’on semble faire croire dans cette affaire mais date bien avant notamment de septembre 2001, soit 9 ans avant l’élection présidentielle de 2010. En conséquence, il serait donc impossible de dire que ce sont les 200 millions d’une partie des frais de communication que Vincent Bolloré aurait payé, qui lui ont permis d’obtenir le contrat du port de Lomé.
Il convient de rappeler qu’au-delà du Togo et de la Guinée, le groupe Bolloré gère aussi plusieurs ports en Afrique notamment Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo Brazzaville…, pourquoi la justice française ne s’intéresse seulement qu’au cas du Togo et de la Guinée ?