En Afrique, les effets néfastes du tabac et produits dérivés ne cessent de faire de milliers de victimes chaque jour. Les organisations de lutte contre le tabagisme quant à elle cessent de se battre pour l’adoption par les pays du continent des mécanismes de lutte contre le tabagisme en vue de protéger la population. Et alors que la loi anti-tabac est sur le point d’être adoptée en Afrique du Sud, 35 organisations issues de 23 pays d’Afrique ont appris avec surprise que la multinationale du tabac Philip Morris International fait partie des sponsors du sommet 2022 de la semaine africaine du commerce et des douanes qui se tient du 7 au 9 novembre 2022 à Sandton, Johannesburg, Afrique du Sud.
En effet, estimant que le parrainage d’un tel événement qui regroupe les acteurs impliqués dans la lutte et le contrôle de la commercialisation du commerce du tabac sur le continent à savoir des agents des ministères du commerce et des douanes, 35 organisations de la société civile africaine engagées dans la lutte contre le tabagisme issues de 23 pays, estiment qu’il s’agit d’une violation de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), le premier traité international négocié sous les auspices de l’OMS en réponse à la mondialisation de l’épidémie de tabagisme, et un traité fondé sur des preuves qui réaffirme le droit de tous les peuples à jouir d’une meilleure santé. Ainsi, ces organisations demandent à travers une pétition lancée le 21 Octobre dernier, le retrait de Philip Morris International (PMI) de la liste des partenaires et sponsors du sommet. Ces organisations de la société civile africaine estiment en outre qu’il s’agit d’une violation de la loi réglementant le commerce et la consommation du tabac en Afrique du Sud notamment la loi 83 de 1993 sur le contrôle des produits du tabac qui stipule que « qui stipule qu’aucun fabricant, importateur, distributeur ou détaillant de produits du tabac ne doit organiser ou promouvoir une activité organisée devant se dérouler en totalité ou en partie dans la République, ni apporter une contribution financière à une activité organisée devant se dérouler, se déroulant ou s’étant déroulée en totalité ou en partie dans la République. »
Les organisations de lutte contre le tabac signataires de cette pétition estiment « qu’en tant que partie à la CCLAT, l’Afrique du Sud est tenue de respecter les directives pour la mise en œuvre de l’article 5.3 de la convention, qui souligne que les parties ne doivent pas accepter, soutenir ou approuver l’organisation, la promotion, ou la participation de l’industrie du tabac à des initiatives en faveur de la jeunesse, de l’éducation du public ou à toute autre initiative directement ou indirectement liée à la lutte antitabac.» lit-on dans un communiqué de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA). Pour ces organisations porteurs de la petition, le fait que la firme du tabac décidé parrainer un évènement aussi important alors que la loi sud-africaine sur le contrôle du tabac est sur le point d’être votée « est une stratégie visant à obtenir l’accès aux services fiscaux compétents pour influencer la politique du gouvernement» lit-on dans le communiqué. Ces organisations rappellent par ailleurs que « l’Afrique du Sud n’a pas progressé dans la mise en œuvre du protocole qu’elle a signé en 2013. »
Les organisations appellent les organisations des nations unies devant prendre part à ce SOMMET 2022 DE LA SEMAINE AFRICAINE DU COMMERCE ET DES DOUANES à savoir l’Organisation mondiale des douanes, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, l’Organisation mondiale du commerce, le Centre du commerce international, la Société financière internationale (Groupe de la Banque mondiale), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, à respecter le modèle de politique pour les agences du système des nations unies en matière de prévention de l’ingérence de l’industrie du tabac, qui exige du système des Nations Unies, y compris des agences intergouvernementales qui sont des observateurs de la Conférence des Parties et des membres de Task Force inter-agence des Nations Unies, de rejeter les partenariats, les programmes conjoints, les accords non contraignants ou non exécutoires et tout autre arrangement volontaire avec l’industrie du tabac si Philip Morris International n’est pas retiré de la liste des sponsors de cette rencontre.